How Much Further Can Donald Trump Go?

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Etats-Unis : jusqu’où peut encore aller Donald Trump ?

A un an de la présidentielle américaine, qu’est-ce qui peut empêcher l’impétueux milliardaire de prolonger son bail à la Maison-Blanche : un challengeur démocrate à la hauteur, les scandales à répétition… ou lui-même ?

Les outrances de Donald Trump ne semblent pas entamer sa popularité auprès des Américains. Pour l’instant… AFP/Brendan Smialowski

Par Philippe Martinat

Le 26 octobre 2019 à 21h06, modifié le 27 octobre 2019 à 09h42

Les scandales sexuels, le chaos dans son administration, les embardées internationales, la rancœur des militaires et des agents de la CIA, l’impeachment agité par les démocrates : tout semble pour l’instant glisser sur Donald Trump comme l’eau sur les plumes du célèbre canard dont il partage le prénom.

A un an de la prochaine présidentielle, le milliardaire new-yorkais, qui s’est officiellement lancé en juin dans la campagne pour un deuxième mandat, reste droit dans les tempêtes qu’il soulève.

Après tout, l’économie ne s’est jamais mieux portée, avec la quasi-disparition du chômage, même si les petits boulots précaires et mal payés masquent en partie la réalité et si les écarts de richesse ne cessent de se creuser. Pour beaucoup d’Américains, qu’ils appartiennent aux cols-bleus, à la classe moyenne ou aux couches conservatrices, Trump « fait le job ».

Certes, sur le front international, la guerre commerciale contre la Chine inquiète. Et le retrait brutal de Syrie, en laissant tomber les alliés kurdes, a laissé un goût amer dans la gorge des généraux américains. Mais Trump, à qui on peut tout reprocher sauf de ne pas annoncer la couleur, avait toujours fait part de son intention de retirer les boys de ce qu’il considère comme des « guerres stupides et souvent tribales ». C’est aussi l’opinion de l’Américain ordinaire, lassé de voir son pays jouer perpétuellement au « gendarme du monde » aux quatre coins de la planète.

« Narcissisme pathologique »

Comme le Gulf Stream, le puissant courant isolationniste qui travaille en profondeur le pays de George Washington s’est remis en route. Et tant pis pour les alliés traditionnels priés de se débrouiller tout seuls en essuyant les potentielles conséquences de la désertion de l’US Army : vague migratoire et remontée en flèche du risque djihadiste… « Le sujet des Européens, c’est désormais d’assurer la sécurité de leur environnement dans la mesure où les Américains considèrent que ce n’est pas leur problème », pointe l’ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis Gérard Araud.

A ceux qui, nombreux, pensaient que ce 45e président des Etats-Unis au « narcissisme pathologique » serait son meilleur ennemi, Donald Trump a démontré, contre toute attente, qu’il était aussi son plus sûr allié. « Il a mis le standard politique à un endroit particulier, celui de l’insulte, des cris, de l’absence de rapport au réel, relève l’historien Thomas Snégaroff. Du coup, il sera difficile pour son futur concurrent démocrate d’occuper l’espace médiatique en privilégiant le sens de la nuance et de la modération. Il est devenu impossible aujourd’hui pour un candidat de ne pas tenter de parler directement au peuple », poursuit ce spécialiste des Etats-Unis. Mais, dans ce compartiment de jeu, l’ancien magnat de l’immobilier new-yorkais est sans rival…

Reste que les douze mois jusqu’à la prochaine présidentielle peuvent aussi être très longs pour Donald Trump. La procédure d’impeachment n’a certes aucune chance de se conclure puisque les républicains la bloqueront au Congrès. Mais cette lourde charge lancée par les démocrates à la suite du chantage financier exercé sur le président ukrainien par le patron de la Maison-Blanche, pour tenter de nuire à l’un des principaux candidats à l’investiture démocrate, Joe Biden, peut agir comme un travail de sape sur l’opinion américaine.

L’autre danger qui peut piéger Trump serait le retournement économique annoncé par de nombreux experts. Ou un coup de grisou financier qui ruinerait ses espoirs de réélection en même temps que des millions d’actionnaires et d’épargnants aux Etats-Unis. « Quoi qu’il arrive, je souhaite bon courage à celle ou celui qui succédera à Trump en 2020 ou en 2024 car il héritera d’un monde totalement chaotique », frissonne déjà Thomas Snégaroff.

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