Le Loving Day, hommage à l’Amérique de la diversité
Analyse Le 12 juin 1967, la Cour suprême américaine donnait raison à Richard et Mildred Loving, un couple mixte dont la loi, en Virginie, interdisait le mariage. Après la mort de George Floyd, ce jour prend cette année une dimension particulière.
George et Mildred ont réussi à rendre leur couple mixte légitime auprès de la justice américaine.
Le Loving Day n’est pas encore inscrit sur le calendrier américain des fêtes officielles, entre Memorial Day (dernier lundi de mai, consacré aux soldats morts au combat) et la Fête nationale célébrant l’indépendance (4 juillet). Mais le 12 juin est néanmoins un jour qui compte pour de très nombreuses familles outre-Atlantique : le 12 juin 1967, la Cour suprême des États-Unis donnait raison à Richard et Mildred Loving, en lutte depuis près de dix ans contre la loi interdisant les mariages mixtes, chez eux, en Virginie.
Un arrêt qui a changé l’Amérique
Cet arrêt historique – « Loving v. Virginia » – faisait tomber ce jour-là le dernier pilier légal de la ségrégation aux États-Unis : il balayait les lois qui, dans seize États, interdisaient encore ces unions, treize ans après le début de la déségrégation dans les écoles, en 1954. Pour Richard, un maçon blanc, et Mildred, une jeune femme d’ascendance noire et indienne, il venait surtout clore un long chemin personnel douloureux marqué par l’humiliation et le rejet. Les Loving « se sont battus non pas pour l’amour des droits civiques, mais pour le droit civique à l’amour », peut-on lire aujourd’hui sur la plaque fixée sur l’un des murs de l’ancienne Cour du comté de Caroline, en Virginie.
Ce combat a changé l’Amérique : alors que 3 % des nouveaux mariages étaient mixtes en 1967, cette proportion est passée à 17 % en 2015, selon le Pew Research Center, un important centre de recherche de Washington. Toujours selon le Pew Research Center, « un bébé sur sept avait des parents mixtes en 2015, trois fois plus qu’en 1980 ». Les jeunes qui manifestent aujourd’hui leur colère après la mort de George Floyd incarnent ce nouveau visage des États-Unis.
Un message d’actualité à l’heure de l’affaire Floyd
Pour célébrer le Loving Day, des événements sont organisés depuis plusieurs années à l’initiative d’un petit groupe qui milite pour faire de cette date un jour reconnu nationalement pour célébrer la mixité. Pour l’heure, seuls quelques États, dont la Virginie, et plusieurs villes (New York, Los Angeles, etc.), ont franchi le pas. « Nous travaillons avec d’autres groupes multiethniques pour encourager l’organisation de festivités à travers tout le pays, expliquent les fondateurs du groupe. Nous encourageons aussi les gens à commémorer cette date avec leurs familles et leurs amis. Ces événements sont partagés avec d’autres amis et ainsi se développe à travers les proches et les familles une nouvelle tradition célébrant la diversité. »
En cette année 2020 si particulière, le 12 juin prend une tournure différente. En raison de la pandémie d’abord. Des événements ont été annulés, notamment à New York, capitale de la mixité, où a habituellement lieu l’événement le plus important. En raison de l’affaire George Floyd, ensuite. Alors qu’une nouvelle vague de colère contre le racisme se soulève en Amérique, le message de Richard et Mildred Loving est plus que jamais d’actualité. « Le Loving Day constitue une opportunité pour en savoir plus sur l’injustice raciale, ont fait savoir les organisateurs du mouvement par un communiqué. Quand Richard et Mildred Loving ont été arrêtés, emprisonnés et bannis de Virginie pour s’être mariés en 1958 à Washington, ils avaient face à eux un racisme institutionnel et systémique qui persiste aujourd’hui. Engageons-nous à nous instruire sur les systèmes qui portent tort à la communauté noire. »
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