The Chinese Challenge Facing Western Democracies

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Les démocraties occidentales face au défi chinois

Le succès du Parti communiste chinois, aujourd’hui centenaire, est indéniable, bien qu’incomplet. Il oblige les pays démocratiques à mieux prouver l’exemplarité de leur modèle, si ils veulent retrouver leur aura auprès de la jeunesse chinoise.

Pékin célèbre en grande pompe le centième anniversaire de la création du Parti communiste chinois (PCC), fondé en juillet 1921 à Shanghaï par une poignée d’intellectuels, sous l’étroite surveillance de Moscou. Depuis, l’élève a dépassé le maître. Le Parti communiste de l’Union soviétique n’a jamais pu commémorer le soixante-quinzième anniversaire de la révolution de 1917. Le PCC, lui, au pouvoir depuis soixante et onze ans, n’a jamais paru aussi fort.

Aucun parti n’a dirigé autant d’hommes aussi longtemps. Son succès est indéniable. En l’espace de quarante ans, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale, creusant chaque jour davantage l’écart avec son grand rival indien et se rapprochant rapidement des Etats-Unis. L’économie chinoise pourrait même dépasser l’économie américaine avant la fin de la décennie. Si le monde parvient à atteindre avant terme les objectifs de développement pour le millénaire que s’est fixés l’ONU en 2000, c’est en grande partie grâce aux performances de Pékin. Enfin, la pandémie de Covid-19, mieux maîtrisée en Chine que dans la plupart des autres pays, a incontestablement renforcé la légitimité du pouvoir auprès de la population.

Cependant, ce succès est incomplet. Parce qu’il s’accompagne de graves atteintes aux droits de l’homme et d’entraves aux libertés, parce qu’il repose en partie sur un modèle de développement non durable, et parce que la Chine, contrairement à ce qu’elle affirme, remet en question l’ordre international et rejette le multilatéralisme dès qu’il va à l’encontre de ses propres intérêts.

Le monde ne deviendra pas chinois

Le « modèle chinois » n’en est pas un. Les dirigeants qui, à Pékin, insistent sur les « caractéristiques chinoises » de leur « socialisme » ne prétendent d’ailleurs pas vraiment l’exporter. Le monde ne deviendra pas chinois, et l’on ne peut que s’en féliciter. Pour autant, le succès chinois est un défi pour l’Occident. Sauf un bouleversement que rien ne laisse aujourd’hui présager, la Chine ne deviendra pas non plus un pays démocratique – rien ne permet d’ailleurs d’affirmer qu’une majorité de Chinois le souhaiteraient. De même, il est erroné de croire que le nationalisme chinois n’est qu’une créature du Parti communiste. Celui-ci l’entretient en permanence, l’exploite souvent, le canalise parfois, mais ne le maîtrise pas totalement. Le reste du monde doit donc s’habituer à vivre avec une Chine puissante, nationaliste, voire menaçante, au moins pour ses voisins.

Face à ce nouveau géant, chaque pays, à l’exception des Etats-Unis, pèse bien peu. Puisque la Chine cherche à diviser le reste du monde, la réponse ne peut être que dans des alliances à géométrie variable, sur le plan tant économique que stratégique. Mais cela ne suffira pas. Face au défi chinois, les démocraties occidentales, notamment l’Union européenne, ne doivent pas se contenter de dénoncer les atteintes aux droits de l’homme dans ce pays. Elles ne seront crédibles que si elles illustrent elles-mêmes la réussite du modèle démocratique, par leur comportement et leurs performances.

La jeunesse chinoise n’est pas stupide. Elle est bien davantage connectée au reste de la planète qu’on ne le pense en Europe ou aux Etats-Unis. La meilleure façon pour l’Occident de reprendre le leadership dans ses relations avec Pékin est de retrouver l’aura qui était naguère la sienne auprès de cette Chine de demain.

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