Que reste-t-il donc à la France? Son économie bat de l’aile, son gouvernement s’entre-déchire. Que reste-t-il? Le vin, bien sûr! Avec juste une question de suprématie à régler, le meilleur nectar du monde, est-ce un bordeaux, un bourgogne ou une côte rôtie de chez Guigal?
Cette domination a, certes, été écornée il y a trente ans déjà lors d’une dégustation restée dans l’histoire comme «le jugement de Paris». Lors d’un match Bordeaux-Californie, les vins du nouveau monde l’avaient emporté. Méprisants, les Bordelais avaient alors ironisé avec suffisance. Et la réponse avait fusé. Du genre, «Monsieur, un grand bordeaux ça traverse l’épreuve du temps. Un cabernet américain, c’est flatteur mais ça se fane vite».
Trente ans plus tard, jour pour jour, avec les mêmes vins, du même millésime, rebelote. Et même résultat: les cinq premiers (sur dix) sont californiens. Pour les Français qui espéraient une revanche, c’est Waterloo.
Alors, affaire classée? Les meilleurs vins du monde sont américains. Pas si vite. Aurait-on l’idée saugrenue de faire un combat entre Mozart et Beethoven, entre Monnet et Van Gogh, entre Kundera et Philip Roth? Le grand vin, ce n’est ni l’élection d’une miss ou encore inter-villes revisité en un match France-Etats-Unis. A ce niveau, c’est aussi de l’art.
Plus prosaïquement, le plus beau flacon du monde, c’est une passion personnelle. C’est celui qui vous accompagne dans vos méditations, dans un moment tendre, dans une fête entre amis. Ce sera parfois peut-être un Cheval Blanc ou un Ridge Monte Bello (le vainqueur du jour). Mais le plus souvent, ce sera un châteauneuf très mûr, un amarone, voire même, pourquoi pas… un subtil et âgé dézaley.
Histoire de goût tout simplement.
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