Pourquoi Obama pourrait être le prochain président des USA
03/03/2008 | Mise à jour : 18:08 | Commentaires 1
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Par Mike Rosenberg, professeur de management stratégique de l’IESE Business School (Université de Navarre, en Espagne).
Pour comprendre la popularité de Barack Obama, nous devons prendre en compte le profond cynisme des Américains envers les politiciens américains au cours des cinquante dernières années.
La capacité d’Obama à faire bouger et inspirer les gens lui a valu d’être souvent comparé à John F. Kennedy.
Kennedy représente une figure mythique. Il est le président qui a offert une vision progressiste et positive des États-Unis, et les Américains se souviennent de lui comme du dernier grand président du pays. Après son assassinat, Lyndon B. Johnson est devenu président et ce fut le début d’une période marquée par la guerre du Vietnam.
Du président Nixon, le peuple américain garde le souvenir du bombardement du Cambodge, de la défaite au Vietnam, ainsi que du scandale du Watergate. Quand la nation eut besoin d’un homme intègre, elle a élu Jimmy Carter, qui, malgré un mandat «crédible», a été faible pendant la crise iranienne.
Beaucoup d’Américains diront que Ronald Reagan a été l’un des plus grands présidents des États-Unis, mais d’autres se souviennent des énormes déficits budgétaires et de ses interprétations simplistes des problèmes nationaux. Le premier George Bush a accompli un mandat «correct», mais a eu la malchance de se présenter à sa réélection pendant un ralentissement économique.
Après Bill Clinton, l’électorat américain était tellement divisé que George W. Bush a remporté la présidence de très peu face à Al Gore. Depuis lors, les Américains ont vécu le 11 Septembre, les guerres d’Afghanistan et d’Irak et, dernièrement, l’écroulement de l’économie.
C’est dans ce contexte qu’apparaissent deux politiciens très différents, s’affrontant pour l’investiture démocrate. En dehors du fait qu’elle soit la première femme et lui le premier Afro-Américain à être arrivés aussi loin dans la compétition, chacun offre une vision particulière dans la perspective d’affronter les défis que l’Amérique doit relever.
Hillary Clinton a les compétences et a beaucoup travaillé sur ses positions politiques concernant de nombreuses questions. Jusqu’à un certain point, elle demande aux électeurs de lui faire confiance afin de répéter le succès connu pendant la période présidentielle de son mari.
Barack Obama, de l’autre côté, offre de l’espoir. Comme Kennedy, Reagan et Bill Clinton, il fait sentir aux Américains qu’ils peuvent mieux réussir dans tous les domaines et affirme que l’élection est un choix entre «le passé et le futur». Le succès réel de la campagne d’Obama trouve son origine dans son habilité à donner aux Américains l’espoir de pouvoir aller au-delà des divisions et se rassembler.
Pour conclure sur les raisons pour lesquelles Obama marche si fort aux États-Unis, il faut revenir sur le succès de Kennedy face à Nixon en 1960. À ce moment-là, l’explication la plus répandue du pourquoi le jeune et peu expérimenté sénateur du Massachusetts pourrait vaincre le populaire vice-président est que Kennedy avait été le seul à avoir compris comment se présenter à la télévision.
Ce qui est clair concernant la campagne d’Obama, c’est qu’Internet a été utilisé d’une manière jamais vue auparavant pour récolter des fonds, augmenter la visibilité du candidat et mobiliser les électeurs.
Tant le média que le message ont été dirigés vers les personnes de moins de 35 ans, qui soutiennent massivement le candidat. Près de 100 000 personnes ont fait des donations chaque mois, alors que la plupart n’avaient jamais donné d’argent pour une campagne politique.
Un musicien a fait des discours d’Obama, des vidéos musicales que les internautes partagent en demandant à leurs amis d’aller voter (www.dipdive.com).
Cet élan de campagne tiendra-t-il jusqu’à la convention nationale du mois d’août ? La course est longue et loin d’être finie… Hillary Clinton compte bien remporter aujourd’hui les élections de l’Ohio et du Texas. La question la plus intéressante est peut-être d’imaginer qu’Obama arrive à la convention avec une majorité de délégués : dans ce cas-là, les 796 officiels du parti se diviseront-ils parmi les deux candidats ou feront-ils coalition pour soutenir Clinton ? Obama a affirmé qu’il serait «imprudent» d’aller contre la volonté du peuple, mais on devra attendre la convention pour voir ce qui arrive…
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