Les sympathisants de Barack Obama se sont réapproprié le flambeau du Dr. King, le martyr américain de la cause des Noirs. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS
Quarante ans après la mort du grand leader des droits civiques, la question raciale est plus que jamais au cœur de l’élection à venir.
Le 4 avril 1968, Martin Luther King Junior était tué, à six heures du soir, à Memphis (Tennessee) d’une balle qui lui traversa la mâchoire et le cou. Les jours suivants, il y eut des émeutes dans 125 villes, et 300 000 personnes assistèrent à ses funérailles. Le tueur, James Earl Ray, qui s’était accusé puis rétracté, mourut en prison en 1998 sans que cessent les théories du complot.
Quarante ans plus tard, un jeune politicien noir, Barack Obama, a une chance sérieuse d’être élu président des États-Unis. «Le Dr King aurait-il pu imaginer une telle révolution ? Compte tenu des circonstances politiques, je pense que cet anniversaire est encore plus important», estime Lynette Clemetson, rédactrice en chef du magazine de la communauté afro-américaine The Root.
La figure du militant pacifiste est gravée dans le bronze : le Lorraine Motel, où il fut abattu à l’âge de 39 ans, est devenu le Musée national des droits civiques ; depuis 1986, les Américains observent une journée annuelle de commémoration ; plus de 700 villes possèdent au moins une rue à son nom. Mais l’héritage de Martin Luther King nourrit toujours l’actualité, surtout dans cette campagne électorale.
Hillary Clinton a perdu l’avantage auprès de l’électorat noir quand elle a paru minimiser le rôle du prêcheur d’Atlanta, en rappelant qu’il avait «fallu un président, Lyndon Johnson, pour réaliser son rêve». Barack Obama a lui aussi été emporté dans un tourbillon polémique par des déclarations de son pasteur, Jeremiah Wright, sur l’inégalité persistante entre les races.
Canonisé en héros américain
Selon une étude sur «le rêve américain inachevé», le revenu moyen dans la communauté noire, qui représentait 54 % de celui des Blancs en 1967, plafonne toujours à 57 %. À ce rythme, il faudrait cinq siècles pour atteindre la parité. «La question raciale est de celles que la nation ne peut se permettre d’ignorer aujourd’hui», a déclaré le sénateur de l’Illinois dans un discours jugé «historique» le mois dernier à Philadelphie. «Nous avons fait des progrès : nous sommes libres mais pas égaux», résume ainsi Jesse Jackson, compagnon de route du Dr King.
À l’occasion de cet anniversaire, l’Amérique redécouvre la rhétorique enflammée et souvent polémique du Prix Nobel de la paix 1964. La veille de son assassinat, l’auteur du célèbre «J’ai fait un rêve» dénonçait la guerre du Vietnam en des termes qui font étrangement écho aux prêches du révérend Wright. «Sa canonisation en héros américain a sapé son pouvoir, estime le Pr Harvard Sitkoff, l’un de ses biographes. King est le gentil qui nous a aidés à régler nos problèmes passés au lieu d’être celui qui nous défie de résoudre les injustices présentes.»
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