Mercredi, le président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke, avait pour la première fois utilisé le terme ” récession”. La cause semblait déjà entendue pour la plupart des économistes américains : leur pays est en récession et les chiffres de l’emploi, annoncés vendredi 4 avril, ont confirmé cette conviction.
Pour le troisième mois de suite, les Etats-Unis ont perdu des emplois en mars : 80 000, soit 232 000 depuis janvier. Le taux de chômage est passé dans le même temps de 4,8 % à 5,1 %. N’étaient les embauches dans la santé, l’éducation, la fonction publique, la poussée du chômage eut été beaucoup plus spectaculaire.
Divers secteurs sont aujourd’hui menacés de coupes claires. L’aviation civile américaine, qui connaît une année épouvantable avec l’augmentation du prix du kérosène, pourrait réduire jusqu’à 20 % de ses emplois. La pharmacie jusqu’à 10 %. Home Depot, numéro un mondial de l’aménagement intérieur, a annoncé vendredi 2 200 suppressions d’emplois ; Motorola, 2 600.
Les Etats-Unis ne sont “qu’au début de la contraction du marché de l’emploi”, a estimé Jared Bernstein, de l’Institut de politique économique de Washington. A l’inverse, Steven Weiting, de Citigroup, estime la crise “heureusement asynchrone” : si l’emploi industriel “se rétracte”, les exportations, en particulier agricoles, croissent très fortement.
Pour autant, la plupart des économistes restent circonspects devant le pronostic du gouvernement, qui envisage une sortie de crise dès le second semestre 2008. Directeur de l’Economic Outlook Group à l’université de Princeton, Bernard Baumohl pense que la récession sera cette fois “beaucoup plus durable” qu’en 2001.
L’administration Bush attend de son “plan fiscal” – plus de 100 millions de foyers devraient recevoir à partir de mai 600 à 1 200 dollars (381 à 763 euros) de remboursement d’impôts – qu’il relance la consommation. Secrétaire adjoint au trésor, Phillip Swagel a assuré vendredi que ce plan créera aussi 500 000 à 600 000 emplois. Mais pour le moment, l’opinion ne suit pas.
Un sondage effectué périodiquement depuis 1990 par le New York Times et la chaîne CBS montre que 81 % des Américains, privilégiant les questions économiques, jugent que leur pays “va dans le mauvais sens”.
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