Le message de Barack Obama repose sur deux thèmes : espoir et unité. Depuis des mois qu’il arpente l’Amérique au gré des primaires démocrates, il a su éviter les obstacles pour imposer sa dynamique, celle d’un pays capable de chasser ses vieux démons, et de dépasser enfin ses fractures politique et raciale. A chaque meeting ou presque, il est devenu maître dans l’art de délivrer ce que la presse appelle son «stump speech», un discours de campagne qui ne varie guère et s’articule autour de ce vaste projet d’une nouvelle nation avec de nouvelles valeurs. Depuis des mois, donc, le sénateur de l’Illinois a refusé sciemment d’endosser le costume que voulait lui tailler ses adversaires – Hillary Clinton la première -, celui de «candidat noir». L’étiquette, a-t-il répété, ne lui convient pas, car elle correspond à une Amérique du passé, recroquevillée sur ses divisions. Personne pourtant ne doit s’étonner de voir le «facteur racial» s’inviter au cœur de la course à la présidentielle. Depuis de longues semaines, les conservateurs de tout poil savaient pertinemment que les interventions très controversées du pasteur extrémiste d’Obama leur fourniraient les armes pour déclencher de nouveau «la guerre de la couleur», dans un pays toujours hanté par les vestiges de la ségrégation. Tout le mérite d’Obama est d’avoir su se distancier de Jeremiah Wright et d’avoir maintenu à Philadelphie son appel en faveur d’une nation «post-raciale». Aux démocrates d’abord, et peut-être aux Américains ensuite, de décider s’ils sont prêts à le suivre sur cette voie.
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