Between Moscow and Washington, the Atlantic Alliance Attempts Compromise

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Entre Moscou et Washington, l’Alliance atlantique tente le compromis

SECURITE. Le sommet s’est achevé sur un feu vert à l’émergence d’une défense européenne. L’Ukraine et la Géorgie attendront.

Richard Werly, envoyé spécial à Bucarest

Vendredi 4 avril 2008

Plusieurs heures de tractations ont été nécessaires, jeudi pour rédiger les conclusions du sommet de l’OTAN. Tous les regards sont maintenant tournés vers Vladimir Poutine, invité du Conseil OTAN-Russie ce vendredi. Bilan des décisions.

L’élargissement est programmé, mais pas calé

L’OTAN comptera sans doute 29membres pour son 60e anniversaire en 2009. Les Vingt-Six ont en effet décidé d’accepter deux des trois candidats: la Croatie et l’Albanie, en garantissant aussi l’accès à l’ex-république yougoslave de Macédoine, dès que celle-ci aura réglé le problème de son nom, sur lequel la Grèce a réitéré son veto. La délégation macédonienne, furieuse, a néanmoins claqué la porte.

La réponse faite par l’Alliance à la Géorgie et à l’Ukraine, qui sollicitaient un «plan d’action en vue de l’adhésion» considéré comme un casus belli par la Russie, est en revanche beaucoup plus diplomatique. L’Allemagne, qui s’opposait, avec la France et l’Italie, à une telle promesse au nom de «l’équilibre des forces», a obtenu à l’arraché un compromis. L’OTAN a pris dans la capitale roumaine «l’engagement de les accueillir à plus long terme», et leur propose «une période de collaboration intensive à un niveau élevé». Avec un premier rapport en décembre 2008, mais sans calendrier ultérieur. Kiev et Tbilissi crient victoire. Moscou parle de «grande erreur stratégique». L’OTAN conserve ainsi une marge de manœuvre.

L’émergence d’une défense européenne à l’agenda

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont joué les symboles. A Bucarest, le président français et la chancelière allemande ont tenu une conférence de presse commune, pour annoncer notamment que le sommet 2009 se tiendra à Strasbourg et à Kehl, des deux côtés du Rhin. La France pourrait alors, comme elle l’a de nouveau laissé entendre en Roumanie, rejoindre le commandement intégré de l’OTAN. Nicolas Sarkozy a aussi affirmé que George Bush a salué, dans une «déclaration historique», l’émergence d’une défense européenne.

L’un des dossiers significatifs de ce nouveau pacte Etats-Unis – Europe est la défense spatiale. George Bush voulait le soutien de l’OTAN à son projet de bouclier antimissile pour lequel il a signé à Bucarest un accord avec la République tchèque, où sera installé un radar ultra-perfectionné. Il l’a obtenu. Mais l’«otanisation» de ce programme signifie que les alliés auront davantage leur mot à dire. La clef de ce dossier crucial dépendra de ce que proposera George Bush à Vladimir Poutine, qu’il verra ce week-end dans la station balnéaire de Sotchi, sur la mer Noire. Le président russe dénonce, depuis le début, une «menace directe» contre son pays.

Une relation «ambitieuse et substantielle» a été proposée à la Serbie, où des élections auront lieu le 11 mai. Au Kosovo, la KFOR a reçu des consignes très fermes «pour garantir un environnement sûr et sécurisé».

Prioritaire, l’Afghanistan restera un casse-tête

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avaient fait le déplacement de Bucarest pour resserrer les rangs sur l’Afghanistan. La priorité de l’OTAN, qui a réussi à obtenir des renforts de 12 pays (notamment 700 soldats français déployés à l’Est), est en effet de mieux répartir les rôles sur le terrain. Dans un document de quatre pages, l’Alliance s’engage à offrir à la force internationale d’assistance (ISAF) plus de moyens et plus de flexibilité dans l’engagement des troupes. Afin de mieux combattre les talibans. A l’inverse, la plupart des tâches civiles seraient reversées vers l’ONU, qui a souligné l’impact énorme du trafic de drogue, dont le poids atteint un quart de l’économie.

L’homme clef du dispositif, et le plus vulnérable aussi, demeure toutefois le président Hamid Karzaï. Celui-ci a affirmé pouvoir bientôt confier à l’armée afghane la sécurité de Kaboul. Sans vraiment convaincre.

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