Dans le jargon journalistique, cela pourrait très bien s’appeler un scoop long. Il s’agit là de révélations qui, pour faire sensation, ne sont pas pour autant de toute première fraîcheur.
Par un étrange hasard, ce sont deux de ces bombes à combustion lente qui viennent d’éclater en même temps sur la scène internationale. Par un hasard plus étrange encore, elles ont trait à ces dossiers prioritaires de la diplomatie américaine que sont en ce moment la dénucléarisation de la Corée du Nord et la relance des efforts de paix au Moyen-Orient. Ultime coïncidence, si tant est que le hasard y est pour quelque chose, c’est notre chère et omniprésente voisine la Syrie qui, dans l’une et l’autre de ces affaires, tient la vedette.
Quand en septembre 2007, l’aviation israélienne s’en alla bombarder de mystérieuses installations dans le nord de la Syrie, on vit avec stupeur l’attaquant et l’attaqué jouer de concert, sinon d’un commun accord, la carte de la discrétion. Seules de vagues allusions quant à la nature hautement stratégique de l’objectif visé émanèrent en effet d’une armée israélienne pourtant encline à médiatiser à outrance ses opérations spéciales ; quant aux Syriens, ils ne firent même pas mine de s’émouvoir de ce raid contre un bâtiment militaire désaffecté. Plus de six mois plus tard, c’est l’Amérique qui vend littéralement la mèche, tout en se défendant d’avoir donné un quelconque feu vert aux Israéliens pour détruire ce qui était bel et bien une usine de traitement du plutonium installée dans le désert du Nord-Est syrien. Le résultat, plutôt cocasse, en est que l’Agence internationale de l’énergie atomique se retrouve dans le rôle du mari cocu, unissant dans une même condamnation la triche syrienne, les manières expéditives d’Israël et les cachotteries de l’Oncle Sam.
Toujours est-il que l’annonce US, telle qu’elle a été déclinée jeudi, fait penser à l’une de ces ogives à têtes multiples capables de frapper en plus d’une direction. Ainsi et malgré ses dénégations, Damas se voit accuser d’avoir agi dans la plus grande clandestinité pour se doter d’une capacité nucléaire, et qui plus est à des fins rien moins que spécifiques. Vidéos à l’appui (ce qui semble impliquer une stupéfiante défaillance des pourtant redoutables Moukhabarate syriens) le fournisseur nord-coréen est convaincu, lui, d’avoir violé l’accord international de l’an dernier qui faisait obligation à Pyongyang de suspendre ses propres programmes mais aussi de s’abstenir d’exporter sa technologie nucléaire, en échange de fournitures d’énergies alternatives.
Last but not least, c’est un très explicite avertissement qui se trouve adressé de la sorte à Téhéran, toutes ces activités souterraines justifiant en effet, aux yeux de Washington, les préoccupations internationales que suscite le programme nucléaire de la République islamique. S’il est moins spectaculaire certes que la destruction, en 1981, du réacteur expérimental irakien Osirak, le raid de septembre sur la Syrie peut très bien préfigurer en effet une attaque du même type contre les installations iraniennes…
Au milieu de toutes ces spéculations guerrières, c’est une bombe nettement plus douce qu’a lâchée le président Bachar el-Assad en faisant état, dans une interview à un journal du Qatar, d’efforts de médiation turcs entre Israël et la Syrie, lesquels auraient débouché sur la disposition d’Israël à se retirer du Golan en échange d’une paix totale. Il y a tout lieu d’en féliciter d’ores et déjà les Syriens, même s’il faudra attendre la visite aujourd’hui à Damas du Premier ministre de Turquie, Recep Tayyep Erdogan, pour en savoir davantage sur la question, même si on peut se demander si Ehud Olmert et Assad sont assez forts pour imposer à leurs peuples les concessions et sacrifices inhérents à tout règlement de paix.
Que la Syrie recherche la négociation, qu’elle souhaite pour ces pourparlers un incontournable parrainage américain est absolument normal et légitime en effet. Qu’elle s’obstine toutefois à nier avec une sainte indignation l’évidence, à savoir tous ces contacts secrets dont les derniers en date se déroulaient au plus fort de la guerre du Liban de l’été 2006, est déjà moins normal. Ce qui est carrément anormal, inexplicable et révoltant en revanche, c’est que pour parvenir à son objectif de paix pourtant très clair, la Syrie retient en otage le Liban, s’ingénie à le déstabiliser, à en faire avec l’aide de son allié iranien et des milices libanaises affidées l’aire de lancement d’une guerre de mille ans avec le même Israël.
Il serait intéressant de savoir ce qu’on en pense dans les rangs d’une opposition prosyrienne prompte à brandir bien haut les grands principes
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.