Aux États-Unis, le train reste à petite vitesse – 12/05/2008
Le train, au pays des grands espaces, se traîne. La seule ligne rapide des États-Unis, l’Acela Express, relie New York et Washington en 3 heures quand il faut près d’une heure de moins à l’Eurostar pour aller de Paris à Londres, une distance similaire.
Vedette de la conquête de l’Ouest au 19e siècle, le rail américain fait figure de relique aujourd’hui, comparé aux trains en circulation dans des pays comme le Japon, la France, l’Allemagne ou la Chine qui compte à elle seule 6.000 km de voies ferrées pour trains à grande vitesse.
Une dizaine d’autres pays envisagent de s’équiper de ces trains, dont l’Iran, qui pourrait acheter à l’Allemagne un train à sustentation magnétique roulant à 448 km/h.
L’an dernier, en France, un TGV a atteint la vitesse record de 571 km/heure lors d’un essai. La vitesse de pointe de la plupart des trains américains frôle péniblement 127 km/h et leur allure de croisière reste bien inférieure.
“C’est vraiment trop lent !”, se lamente Eleanor Herman, orthophoniste retraitée qui s’apprête à grimper, à la gare d’Union Station à Washington, dans le “Northeast Regional”, géré, comme l’Acela, par la compagnie Amtrak. “J’ai pris un train à grande vitesse en Italie, c’est un autre monde!”, relève-t-elle.
L’avance de l’Europe et de l’Asie, dont les trains filent couramment à 320 km/h, rend encore plus criant l’énorme retard du pays le plus riche du monde en ce domaine, avions et automobiles demeurant les piliers du transport aux États-Unis.
Mais, avec l’envolée des prix du pétrole, les retards récurrents dans les aéroports et la préoccupation environnementale qui gagne du terrain, la nécessité d’améliorer l’offre ferroviaire devrait commencer à s’imposer.
“Nous sommes le seul pays développé au monde qui n’a pas de train à grande vitesse,” a déploré récemment le candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine Barack Obama.
“Avec les prix de l’essence aujourd’hui, nous devrions étendre notre service de transport ferroviaire. L’une des choses dont je parle depuis longtemps est de relier toutes les villes du Midwest avec des lignes à grande vitesse”, a poursuivi le sénateur de l’Illinois.
Seule la Californie (Ouest) envisage de construire une voie de 1.100 kilomètres pour train à grande vitesse de Sacramento à San Diego, via San Francisco et Los Angeles. Ce projet de 40 milliards de dollars pourrait voir le jour en 2009.
L’Acela Express, lui, atteint brièvement 240 km/h mais, en moyenne, il roule à 138 km/h.
“Trop de virages” sur la vieille voie entre Washington et Boston, pour accélérer et “la rendre droite serait une tâche monumentale”, explique le porte-parole d’Amtrak, Cliff Black.
Néanmoins, un parlementaire républicain, John Mica, tente de pousser à la modernisation de cette ligne. Le projet qu’il envisage coûterait au moins 20 milliards. “Nous n’avons pas vraiment de propositions de financement de la part de l’État fédéral, ni des États, ni des collectivités locales, ni de partenaires privés”, reconnaît néanmoins John Mica.
Cliff Black explique que sans volonté politique, et avec le sacro-saint droit de propriété aux Etats-Unis, “il est très difficile d’acquérir des terrains pour construire des voies ferrées”.
Amtrak n’a aucun projet de cet ordre, “nous n’en avons pas les moyens”, ajoute le porte-parole de l’entreprise qui a accusé une perte de 475 millions de dollars l’an dernier, malgré un nombre record de passagers depuis 5 ans. La fréquentation a déjà augmenté de 12% cette année.
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