Are We Standing On The Threshold of Post-Americanism?

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Et si le monde était en train de passer de l’anti-américanisme au post-américanisme?

Le plus grand paradoxe de l’Amérique est d’avoir engendré une opinion qui n’aime guère se poser de questions et une intelligentsia qui réfléchit plus (parfois mieux) que nulle part ailleurs. En dépit d’un marketing sauvage, la campagne des primaires, préalable au grand choc entre démocrates et républicains pour la conquête de la Maison-Blanche, est dominée par le sentiment diffus que les Etats-Unis ne peuvent restaurer leur hégémonie qu’au prix d’une sérieuse réflexion sur le sort de l’hyperpuissance dans un processus de mondialisation accélérée. Quelle que soit l’option que le peuple américain préférera au final, Barack Obama comme John McCain devront notamment affronter la fin de la pax americana,un recul économique global de leur pays, mais, surtout, l’émergence flagrante du «reste du monde». Ce qui n’est pas forcément une catastrophe pour le pays de Jefferson et de Washington. Il se trouve même un brillant intellectuel, Fareed Zakaria, musulman indien formé à Yale et à Harvard, pour considérer que c’est là une chance à saisir.

Dans un livre important, The Post-American World, Zakaria développe l’idée forte que le «monde est passé de l’antiaméricanisme au postaméricanisme». Une ère où les Etats-Unis comptent encore largement, mais où beaucoup d’actions et d’entreprises d’envergure planétaire peuvent être menées librement, sans eux. Et de dresser un catalogue édifiant. Le plus grand building du monde se trouve à Taipei (Taïwan) et sera bientôt détrôné par la tour géante de Dubaï. La plus grande entreprise publique a son siège à Pékin. La plus grande raffinerie mondiale est en cours de construction en Inde. Le plus gros avion de ligne est désormais européen. Le premier fonds d’investissement est basé à Abou Dhabi. L’industrie du cinéma number one est située à Bollywood, non plus à Hollywood. Si l’on en croit la théorie de Zakaria, avec la percée du «reste», nous assistons à la troisième mutation fondamentale de la période moderne. La première eut lieu autour xve siècle et ouvrit la voie au progrès technique, à la révolution industrielle et au capitalisme. La deuxième, qui se produisit au xixe siècle, marqua l’apogée des Etats-Unis, une domination sans aucun équivalent dans l’Histoire. Si le raisonnement est entendu, l’Amérique devrait maintenant entrer dans le temps du partage avec le «reste du monde». Les paris sont ouverts.

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