In Montana, American IndiansAre New Electoral Target

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Vous êtes l’enjeu de cette élection !”, a déclaré Barack Obama face à un public d’Amérindiens à Sioux Falls dans le Dakota du Sud, le 16 mai dernier. Les Amérindiens représentent 7 % de la population du Montana et près de 10 % de la population du Dakota du Sud, soit cinq fois plus que la moyenne nationale. Au cours du mois de mai, Barack Obama, Hillary et Bill Clinton ont parcouru ces deux Etats de la région des grandes plaines qui s’apprêtent à voter mardi 3 juin. La longévité exceptionnelle des primaires côté démocrate a mis en lumière cet électorat traditionnellement ignoré des candidats à la présidentielle. “Cela n’est jamais arrivé auparavant”, s’est exclamé Jacqueline Johnson, la directrice de l’organisme représentatif National Congress of American Indians.

Le directeur du journal Native Voice, Frank King, souligne que les tribus ne votent pas comme les autres électeurs : “Lorsqu’un candidat se rend dans une réserve indienne, il s’adresse à une grande famille ; il peut recueillir le vote de dix mille personnes d’un coup.” Le 20 mai dernier, Hillary Clinton pointait du doigt les erreurs de l’administration Bush devant un auditoire qui garde en mémoire les années prospères de l’ère Clinton. “Les Amérindiens ont eu un partenariat productif avec l’administration Clinton dans les années 1990”, se souvient Lula Red Cloud, un des chefs de la tribu des Sioux, qui soutient la candidate.

Au sein de cet électorat traditionnellement démocrate, le candidat républicain pourrait cependant jouir d’une certaine influence. “John McCain séduit quelques leaders de la population amérindienne en raison de sa carrière militaire, respectée, mais aussi parce qu’il a présidé le Comité des affaires indiennes”, explique Wayne Stein, professeur à l’université d’Etat du Montana et membre de la tribu Turtle Mountain Chippewa. Le sénateur de l’Arizona a des contacts fréquents avec la population “native” de son état et s’est entretenu pendant la campagne avec les chefs des tribus du Nouveau-Mexique, dont la population amérindienne est la plus importante du pays.

“JE SAIS CE QUE C’EST QUE DE LUTTER”

Mais Barack Obama a surpris tout le monde. Largement méconnu, le candidat démocrate “est allé le plus loin dans ses propositions”, selon Frank King. Il s’est engagé à nommer un conseiller chargé de la politique amérindienne au sein de sa garde rapprochée à la Maison Blanche, s’il venait à être élu.

Le 16 mai, M. Obama s’est réuni en privé avec une cinquantaine de chefs tribaux à Sioux Falls, la plus grande ville du Dakota du Sud. Selon Lise King, qui a participé à l’organisation de la réunion, “une relation avec les Amérindiens se fonde sur la confiance”.

La défense de la souveraineté des “nations tribales” est aussi une idée chère, “que les Blancs ici n’aiment pas entendre”, souligne Frank King, faisant allusion au racisme qui sévit dans la région. Une raison supplémentaire, selon lui, qui explique le ralliement des Amérindiens au candidat de la minorité noire. “Je sais ce que c’est que de lutter (…) combien de fois on vous a oubliés, tout comme les Noirs ou d’autres groupes dans ce pays. Parce que j’ai vécu cela, je ne vous oublierai pas”, a promis le candidat.

Si Obama part gagnant dans le Montana et le Dakota du Sud, les défis que connaît la population amérindienne de ces Etats transcendent les partis ou les candidats, confie Robert Moore, un membre du conseil des Sioux de la ville de Rosebud dans le Dakota du Sud. “Nous parlons d’enjeux touchant à la vie et à la mort”, explique-t-il dans le journal local Argus Leader, alors que les réserves indiennes de cette région, épargnées par les revenus des casinos, sont des ghettos où sévissent pauvreté, violence, chômage et consommation de drogues.

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