Barack Obama, A Three Time Reflection

<--

Barack Obama, réflexion en trois temps

La désignation du candidat afro-américain par le Parti démocrate états-unien donne lieu à un consensus en France qui s’articule sur deux bonnes nouvelles. Tout d’abord, c’est la première fois qu’un homme de couleur parvient à ce niveau de la compétition politique, ce qui indique une évolution positive dans ce pays qui n’a aboli l’inégalité juridique entre Blancs et Noirs qu’au milieu des années 1960. Ensuite, le contraste avec le président Bush, un fauteur de guerre qui a violé les lois de son pays et nrien fait contre les inégalités, est saisissant. Barack Obama est porteur d’espoir ; il vient de l’aile la plus social-démocrate de son parti. Contrairement à son adversaire républicain John McCain, il n’a pas voté pour la guerre en Irak et il envisage un retrait des troupes américaines.

Néanmoins, il faut se garder de réduire notre pensée aux seuls aspects identitaires que met en avant la gauche multiculturelle. L’identité ethno-raciale d’un candidat ne saurait être un critère politique suffisant ou un brevet de progressisme. Mme Rice, ministre des Affaires étrangères du gouvernement Bush, est afro-américaine mais est aussi une va-t-en-guerre qui a encouragé la poursuite des hostilités au Liban en 2006. Les présentations médiatiques, aux États-Unis comme en France, qui focalisent tous les débats sur la diversité et l’origine ethnique des responsables politiques font l’impasse sur l’essence même du politique. M. Obama, victime d’une campagne de diabolisation cherchant à le faire passer pour un musulman caché, a fait devant l’organisation pro-Israël la plus influente (AIPAC) un discours qui ne se démarque en rien des propos de Bush. Les vrais amis d’Israël et de la Palestine, qui veulent la paix, ne peuvent que s’inquiéter d’un soutien aux ultras favorable aux colonies. Et il faut se détacher de l’idée médiatique qu’un seul homme exerce le pouvoir. Comme l’a noté, pour s’en féliciter, Tom Friedman, le chroniqueur du New York Times, le président américain, quel qu’il soit, ne peut s’écarter du consensus sur le Moyen-Orient qui prévaut aux États-Unis. Les divers lobbys économiques ou ethniques limitent le champ d’action de tous les candidats et de tous les élus.

Enfin, un dernier élément encourageant : Obama, en transcendant les clivages « raciaux », va certainement permettre de déplacer le débat politique et de réintroduire une réflexion sur l’inégalité et sur l’existence des classes sociales, qui sont toutes multiculturelles mais dont les ressources varient de plus en plus fortement selon leur place dans l’échelle sociale.

About this publication