The Clinton Way

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Hillary Clinton avait des accents émouvants lors de son éloquent discours de reddition du 7 juin. Son appel à ses partisans, et aux femmes, « aux 18 millions de fissures [occasionnées par sa candidature] dans le plafond de verre », la barrière sexiste invisible de la politique américaine, ne pouvait cacher l’amertume d’un ratage dû, d’abord, à une campagne organisée en dépit du bon sens et des aspirations anti establishment d’une nouvelle génération démocrate.

Elle a su, pourtant, et trop tard, se réinventer, ou se révéler, passant ( le mot est de Newsweek) du rôle d’une reine Elizabeth à celui d’une Norma Ray, passionaria de la cause ouvrière. Si son échec signe celui d’une génération de politiciens, et-la faute à Bill- d’une dynastie accusée d’avoir écrasé et frelaté les idéaux du parti démocrate pendant les années 90, la méthode électorale Clinton reste toujours en vogue.

On se souvient du mot d’ordre magique affiché, en 1992, dans le QG de campagne du jeune gouverneur d’Arkansas « The Economy, stupid ». « C’est l’économie, idiot ! »

Obama, courageusement engagé depuis quatre jours dans un marathon en terre républicaine, en Caroline du Nord, qui n’a pas voté démocrate depuis 32 ans, en Virginie ( à droite depuis 1964) ou dans le Missouri ( que seul Clinton a pu gagner en 1996) entend jouer son vrai début de campagne présidentielle sur le registre du populisme économique Clintonien, au moment où les prix de l’essence atteignent des sommets inconnus et douloureux pour les électeurs ruraux.

Jusqu’alors réputé élitiste, Obama n’hésite pas à dépeindre McCain comme un candidat de la même trempe que Bush, lié à la ploutocratie pétrolière et adepte d’une mondialisation fatale aux emplois américains. Le républicain a aussi eu le malheur de critiquer les subventions agricoles, et foi d’Obama, il risque de le regretter vite. Le changement de ton est sidérant. Des hymnes à l’espoir, le chantre d’Illinois est passé au combat dans la glaise. Et si cela marchait?

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