Washington et Pékin luttent contre le protectionnisme
Shanghaï, Julie Desné
18/06/2008 | Mise à jour : 10:24 | Commentaires 2
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De grandes entreprises des deux pays ont signé pour plusieurs milliards de dollars de contrats commerciaux.
General Motors, Cisco, Ford, Oracle, China Mobile… des groupes emblématiques appartenant à onze secteurs industriels ont annoncé mardi la signature de quelque 35 accords commerciaux entre la Chine et les États-Unis. À la veille de la réunion dans l’État du Maryland de responsables des deux pays dans le cadre du «dialogue stratégique» instauré fin 2006 par les présidents George W. Bush et Hu Jintao, l’objectif était de conclure au total quelque 70 contrats portant sur un montant de 13 milliards de dollars (8,5 milliards d’euros).
Alors que le déficit commercial américano-chinois reste abyssal et la tension très vive autour du taux de change du yuan, cette série d’accords dans les secteurs clés de la haute technologie, l’électronique et les télécoms apparaît comme un pied de nez au réveil des tentations protectionnistes. «L’ouverture et le commerce créent des emplois et des opportunités pour que les gens puissent sortir de la pauvreté, et sont nécessaires pour la croissance et la stabilité ; en Chine comme aux Etats-Unis», a déclaré mardi le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson. Washington et Pékin pourraient aussi lancer des négociations en vue de la signature d’un traité sur les investissements bilatéraux.
Un terrain d’entente
Wang Qishan, vice-premier ministre chinois a qualifié ces transactions de «pierres angulaires» du dialogue bilatéral entre les deux géants mondiaux qui souffrent l’un comme l’autre d’une économie très déséquilibrée. Les rencontres bisannuelles auxquelles participent notamment Chen Deming, ministre du Commerce, Henry Paulson, secrétaire d’État au Trésor et les présidents des deux banques centrales, visent à apaiser les nombreux différends en matière monétaire, commerciale, de respect de la propriété intellectuelle et, plus récemment la question de la sécurisation des approvisionnements énergétiques de la Chine, dont l’appétit contribue à l’envolée générale du prix des matières premières.
Les deux parties ont tout intérêt à trouver un terrain d’entente : les États-Unis, en croissance molle voire en récession, veulent assurer un accès au marché chinois pour leurs entreprises, notamment dans le secteur financier. La Chine cherche à baliser le terrain pour ses nouveaux champions en quête d’internationalisation, dans le but de maintenir sa croissance tout en limitant les pressions extérieures. La signature de ces contrats répond aussi aux critiques sur l’utilité du «dialogue stratégique» suivi de peu d’effets concrets.
Reste qu’à quelques mois de l’arrivée d’une nouvelle équipe à la Maison-Blanche, les rapports de force évoluent. L’actuel secrétaire au Trésor, Henry Paulson, architecte des rencontres bilatérales, doit déjà nouer un nouveau dialogue avec Wang Qishan, qui a succédé à Wu Yi lors du dernier congrès du Parti en mars. Cette dernière maîtrisait d’une main de maître les rouages du dialogue sino-américain.
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