Obama the Realist

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Quatre ans seulement après avoir été l’orateur qui donnait le “la” à la convention démocrate de Boston, Barack Obama sera officiellement désigné par celle de Denver, fin août, comme le candidat du parti à la présidence des Etats-Unis. Le chemin parcouru par celui qui n’était, en 2004, que candidat au siège de sénateur de l’Illinois, est époustouflant. En donnant la préférence à ce métis de 46 ans pour tenter de conquérir la Maison Blanche, les électeurs démocrates ont fait honneur à leur pays comme au talent de cet homme politique encore jeune et inexpérimenté.

Le succès de Barack Obama doit beaucoup à la présidence de George Bush, réprouvée par les Américains. La “révolution conservatrice” commencée avec Ronald Reagan, il y a presque trente ans, est essoufflée. Les “guerres culturelles” remontant aux années 1960, entre une gauche libertaire et une droite conservatrice, appartiennent à une époque qui s’éloigne. La crise économique, la prise de conscience des urgences écologiques, le coût humain et financier de la guerre en Irak et la critique des moeurs de Washington provoquent un rejet massif du Parti républicain. L’aspiration au changement explique aussi, pour une part, qu’Hillary Clinton ait été devancée dans les primaires démocrates.

Celui qui se veut porteur d’un “changement auquel on peut croire” tiendra-t-il sa promesse s’il est élu le 4 novembre ? Pour remporter cette élection, M. Obama se montre prêt à abandonner ou à nuancer certains de ses engagements les plus forts. Ainsi a-t-il décidé de refuser le financement public de sa campagne et le plafonnement des dépenses dont il est assorti. Ainsi se prépare-t-il à voter, au Sénat, pour un projet de loi qui justifie les écoutes téléphoniques autorisées par M. Bush. Il a corrigé sa position sur la présence des troupes en Irak et donné des assurances aux organisations pro-israéliennes.

Son adversaire républicain, John McCain, a évolué, lui aussi, afin de plaire à l’électorat le plus conservateur. C’est la loi du genre, et il ne faut pas exagérer l’importance de ces gestes tactiques. Mais il ne faut pas, non plus, rêver que la politique cesse d’être la politique ni que l’on puisse gagner une élection, aux Etats-Unis comme ailleurs, sans être un politicien réaliste.

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