Michelle: the Flaw in Obama’s Armor?

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La machine électorale est une broyeuse. Et elle a trouvé sur son passage une aspérité qui semblait lui résister: Michelle Obama n’a pas tout à fait les manières d’une future première dame des Etats-Unis. Elle entrechoque son poing avec celui de son mari pour lui donner courage, comme le feraient de jeunes rappeurs. Elle dévoile certains aspects de sa vie privée (Barack laisse traîner ses chaussettes le soir et peut avoir mauvaise haleine). Surtout, cette grande femme de plus de 1m80 en impose. Par sa carrière universitaire et son parcours: elle était la chef de son futur mari dans une étude d’avocats de Chicago. Par l’image qu’elle dégage: elle se qualifie elle-même de «femme forte». Par les mots qu’il lui arrive de prononcer. Et surtout ceux-ci: «Pour la première fois, de ma vie d’adulte, je suis vraiment fière de mon pays.»

Ces mots datent de février dernier, lors d’une réunion politique dans le Wisconsin, lorsque le «changement» prôné par son mari semblait de plus en plus clairement faire mouche auprès des électeurs démocrates. Mais ils ont retenti fort. Cela signifie-t-il que Michelle Obama a honte des Etats-Unis? Qu’elle n’aime pas vraiment son pays? Depuis lors, la broyeuse s’est mise en marche. «Madame doléances», titrait récemment un magazine conservateur. Michelle Obama serait amère. Sous ses airs de femme épanouie, elle serait le prototype de «la femme noire américaine en colère». Même l’autre candidate au poste de First Lady est entrée dans le jeu. «Je ne sais pas ce qu’elle entendait par là, disait cette semaine la riche héritière Cindy McCain, à propos des mots de sa «rivale». Tout ce que je sais, c’est que j’ai toujours été fière de mon pays.»

Au vrai, les premières dames et futures premières dames se sont rarement accommodées du rôle effacé qu’on voulait leur faire jouer. Surtout les démocrates. Hillary Clinton, bien sûr. Mais aussi la femme du candidat malheureux John Kerry, Teresa Heinz, qui avait fini par faire trop d’ombre à son mari. Au demeurant, même la républicaine Laura Bush vient de sortir du script, en prenant publiquement la défense de Michelle Obama.

Mais le cas de la femme du sénateur de l’Illinois est particulier. Face au parcours atypique de son mari, qui ne fait pas de lui un membre à part entière de la communauté afro-américaine, c’est elle qui assure une partie de la connexion, vitale, avec les électeurs noirs. Après la longue bataille qui a opposé Barack Obama à Hillary Clinton, sa stature a aussi de quoi ramener à elle une partie de l’électorat féminin déçu par le retrait de la candidate démocrate. Le rôle de Michelle Obama ne consiste pas seulement à ne pas handicaper son mari. Elle est partie intégrante de sa riche panoplie en vue de conquérir la Maison-Blanche.

Mais elle pourrait aussi représenter son point faible. Les sondages le montrent: en termes de popularité, Michelle Obama dispose aujourd’hui d’une confortable avance sur la femme de McCain (48% d’avis positifs contre 39). Mais elle divise davantage l’opinion. Trois Américains sur dix ont une image clairement négative d’elle.

Pas étonnant, dès lors, que les foudres républicaines tentent de frapper à cet endroit. Jusqu’ici, les attaques sur le caractère «élitiste» du candidat, sur sa proximité avec l’Eglise de la Trinité de Chicago ou sur son «agenda caché» ont paru glisser sur Barack Obama sans lui faire trop de dommages. Ces attaques restent les mêmes. Mais elles prennent aujourd’hui sa femme pour cible. Comme le notait un commentateur afro-américain, elles visent à démontrer «que Barack Obama a plus à voir avec Malcom X qu’avec le Martin Luther King qu’il semble être».

L’équipe de campagne d’Obama a compris le risque de voir Michelle Obama se transformer en faille de l’armure. Elle vient de procurer à la femme du candidat une secrétaire personnelle chargée de gérer son image. Finies les unes du magazine Ebony, la lecture favorite de l’intelligentsia afro-américaine. Après être passée dans un talk-show télévisé où elle a parlé davantage d’habits que de politique, elle posait cette semaine en couverture de l’hebdomadaire US Magazine, pas loin d’Angelina Jolie et d’Eva Longoria. Le magazine voulait savoir «pourquoi Barack l’aime». Et il posait la question directement à son mari. «Parce qu’elle est une mère extraordinaire», confiait Barack Obama.

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