Obama: American Dream of a Nonexistent French Diversity

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Obama, rêve américain d’une inexistante diversité française

Il n’y avait pas un américain dans la salle. Pas beaucoup d’américanophiles non plus. Et pourtant, jeudi soir, ils étaient près de 200, venus de Lyon, Paris et Marseille, à se rassembler dans un restaurant-bar lyonnais pour une soirée de soutien… à Barack Obama. Parmi eux, beaucoup de militants de la diversité en France, de gauche, comme de droite, qui voient dans le candidat démocrate l’espoir d’un changement qu’ils peinent même à entrapercevoir dans leur propre pays…

« Barack Obama incarne cette capacité d’un pays à dépasser les origines, le poids de l’histoire. Il n’est pas arrivé là grâce à sa couleur de peau, mais par ses compétences », explique Karim Zeribi. L’élu socialiste marseillais se dit « fasciné » par le phénomène Obama depuis qu’il a assisté il y a deux mois à un de ses meetings à Philadelphie. Trouve « très bien » la mise en place des comités Obama franco-français comme celui qui les rassemble ce soir. Mais note que « c’est significatif d’un profond malaise ».

« En France, on est obligé de rêver de diversité par transfert. Quand on voit ce qui se passe au PS par exemple, on se dit qu’il est parfaitement impossible qu’un Obama émerge dans les cinq à venir. Ce n’est pas propre aux socialistes, les élites françaises en général sont prisonnières de la reproduction sociale. Alors, forcément, quelqu’un qui s’impose comme candidat aux présidentielles en quelques années, ça fait rêver », analyse Zéribi.

Lui, ne voit pas dans Obama un « symbôle de la diversité ». « Rachida Dati est un symbôle. Obama, non. Personne ne l’a « autorisé » à être là où il est. Il y est allé tout seul ». Et de prévenir les militants de la diversité « à la française ». « Je ne veux pas un jour voter pour un candidat seulement parce qu’il est noir ou maghrébin. Nous devons être fiers de nos origines, mais il faut transcender nos origines, couper le lien naturel. Nous ne pouvons pas sans cesse regarder vers le passé et ne porter que le poids de l’histoire, de l’esclavage, de notre militantisme ».

Lors de cette soirée, chacun semblait transférer ses propres attentes politique et sociétales dans la figure du candidat démocrate américain. Patrice Schoendorff, président du comité lyonnais de Barack Obama, perçoit dans l’ascension d’Obama l’univers qu’offre l’Amérique. Par opposition aux conservatismes de la société française. Ce déçu de la gauche, note avec amertume qu’il y a là « beaucoup d’anciens de la marche des Beurs en 1981 ». « Et aucun responsable socialiste ». Il remarque que la nouvelle génération issue de la diversité se tourne de plus en plus vers les pays anglo-saxons. Fabienne Levy, élue radicale (de droite) à la région Rhône-Alpes, voit elle un « nouveau Kennedy » en Obama.

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