La joie des retrouvailles est aussi au rendez-vous de l’autre côté de l’Atlantique. Les trois Américains, libérés des Farc mercredi dernier, ont fait leur première apparition publique lundi. Ils ont largement dénoncé la guérilla et les sévices qu’ils faisaient subir à leurs détenus. Libérés par les services secrets colombiens, ils craignent les représailles sur les autres otages.
Le syndrome de Stockholm n’a visiblement pas atteint les otages des Farc. Après Ingrid Betancourt, peu avare en déclarations dans les médias la semaine dernière, ses compagnons américains de libération se sont exprimés lundi pour la première fois. Après plus de cinq ans aux mains de la guérilla, ils ont dénoncé le groupe colombien marxiste et ont exprimé leur inquiétude pour les otages restant dans la jungle.
“Ce n’est pas un groupe révolutionnaire. Ce sont des terroristes, des terroristes avec un grand T”, s’est emporté Marc Gonsalves. Avec deux collègues Thomas Howes et Keith Stansell, cet employé de la Northrop Grumman Corp. avait été envoyé en Colombie pour une mission anti-drogue en février 2003. Leur avion avait dû se poser en urgence dans la jungle, où les Farc les ont enlevés, tuant deux passagers de l’appareil. Leur calvaire n’aura pris fin que cinq ans plus tard. Les trois hommes ont été libérés avec Ingrid Betancourt et onze Colombiens. “Vous dites avec des mots que vous n’êtes pas des terroristes, a lancé Marc Gonsalves à l’adresse des Farc, mais vos mots n’ont aucune valeur. Ne dites pas que vous n’êtes pas des terroristes, montrez que vous n’êtes pas des terroristes.”
De probables représailles
Les trois otages ont présenté leurs libérateurs comme des héros. A l’instar d’Ingrid Betancourt, les trois Américains ont souligné l’importance du soutien extérieur et notamment familial pour survivre. “Ils sont la raison pour laquelle je suis vivant et je me tiens juste là devant vous”, a salué Keith Stansell en désignant sa famille. Mais toute à leur joie, les ex-otages n’oublient pas les centaines de personnes encore retenues dans la jungle et craignent qu’elles ne soient victimes de représailles à la suite de leur libération par les services secrets colombiens.
“Ils vont se lever tôt demain matin, ils vont les charger de lourds sacs à dos et ils vont les forcer à marcher avec des chaines autour du cou tandis qu’un guérillero avec une arme automatique tiendra l’autre bout de la chaine, comme un chien”, prévoit Marc Gonsalves qui a connu ce genre de sévices durant sa détention. L’Américain s’en est alors pris à l’idéologie des Farc. “Ils disent vouloir l’égalité, ils disent qu’ils veulent juste faire de la Colombie un pays meilleur, mais ce ne sont que des mensonges”, a-t-il dénoncé. Marc Gonsalves a aussi raconté comment la guérilla embrigadait des enfants ou adolescents. Certains d’entre eux regretteraient plus tard leur engagement mais ne peuvent fuir sous peine d’être abattus, a-t-il expliqué. “J’ai vu comment leurs propres guérilleros se suicident dans une tentative désespérée de fuir l’esclavage auquel les Farc les ont condamnés.”
Selon les médecins qui les ont observés depuis mercredi, les trois anciens otages, qui ont perdu près de 14 kg, se portent bien. Ils ont été emmenés dans un centre médical dès leur libération. Et n’ont visiblement pas perdu leur sens de l’humour, très américain. Keith Stansell a interpellé le gouverneur de Floride, son Etat de résidence. “Monsieur, je n’ai pas de permis de conduire. Comment vais-je rentrer chez moi?” Happy end.
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