U.S. Election "On Holiday"

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Relâche

La campagne des primaires nous a habitués à de l’action, souvent même à du spectacle. L’interminable sortie d’Hillary Clinton a créé à elle seule un suspense qui dépassait les enjeux politiques pour toucher à la psychologie humaine. Auparavant, les contre-pieds de l’électorat dans l’Iowa et le New Hampshire, les quitte ou double de Caroline du Sud et de Pennsylvanie, les surprises du Super-Mardi 5 février ont montré que le dynamisme de la démocratie américaine se nourrit de sa mise en scène : plus c’est passionnant, plus le peuple prend part au processus.

En comparaison, ces dernières semaines de campagne paraissent bien ternes. Barack Obama tente d’ajuster son programme à un public plus large que la base démocrate traditionnelle, ce qui se traduit par des exposés poussifs où chaque pas de côté doit être longuement expliqué et justifié. Les journalistes qui l’accompagnent le trouvent las, ou se perdent dans les méandres de ses positions. John McCain poursuit lui aussi sur un rythme à demi somnolent, remaniant son équipe sans parvenir à y mettre de l’ordre. Il n’a toujours pas de message clair et Politico a souligné avec ironie qu’il se reposait presque tous les week-ends, à quatre mois de l’échéance.

Ces quatre mois pourraient paraître bien longs si le spectacle continue à faire relâche de la sorte. Depuis les déclarations de candidature des uns et des autres, au début de 2007, dix-huit mois ont passé. Pas un jour sans qu’une manifestation publique, une déclaration, un faux-pas ne fasse la une des journaux et des télévisions américaines. Malgré les efforts des candidats pour se renouveler et approfondir leurs programmes, on a l’impression d’avoir entendu chacun de leurs discours cent fois. La lassitude pourrait-elle devenir un facteur de l’élection la plus ouverte depuis 80 ans ?

Rendez-vous aux conventions

Heureusement, l’été va faire diversion. Barack Obama s’apprête à se rendre au Moyen-Orient et en Europe, dans le cadre d’une « tournée d’information » qui promet de susciter beaucoup de passions sur son passage, et qui comporte du même coup pas mal de risques électoraux.

En Irak et en Afghanistan, il joue sa stature présidentielle et sa crédibilité. À Berlin, Paris et Londres, il s’expose à un excès de ferveur qui pourrait avoir des répercussions négatives auprès de l’électorat américain. Il suffit de se rappeler l’écart de perceptions entre les deux rives de l’Atlantique à propos de John Kerry en 2004. Il n’est pas sûr que l’idée d’un discours d’Obama à la Porte de Brandebourg survive à ce péril. Pourquoi l’homme à qui l’on a reproché d’être présomptueux lorsqu’il est apparu derrière une imitation du sceau présidentiel irait-il se prendre pour John F. Kennedy avant même d’être élu ?

Ces péripéties estivales ne seront que les zakouski. Les plats de résistance viendront avec les conventions des partis, du 25 au 28 août à Denver, puis du 1er au 4 septembre à St-Paul/Minneapolis. Les démocrates attendent 50 000 personnes dans la capitale du Colorado, et 75 000 le dernier soir, lorsqu’Obama acceptera l’investiture du parti. Déjà, l’événement suscite une frénésie de commentaires : sur la place qui y sera réservée à Hillary Clinton comme à George W. Bush, sur le coût des opérations , et même sur la couleur de la nourriture qui y sera servie. Le spectacle, de nouveau, est garanti. Comme on dit ici, we can’t wait.

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