Humor According to John McCain

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L’Iran, terrain de jeu préféré de John McCain. Après avoir chanté “Bomb, bomb, bomb, bomb, bomb Iran” sur un air des Beach Boys en avril dernier, le candidat républicain à la présidentielle américaine y est encore allé de sa petite blague. Interrogé mardi sur la forte augmentation des exportations de cigarettes américaines vers l’Iran, il a déclaré: “Peut-être est-ce une façon de les tuer.”

Aux Etats-Unis, l’humour comme argument de campagne doit encore faire ses preuves. John McCain s’y est bien essayé. Sans grand succès. Dernière blague en date du candidat républicain, ce mardi. Interrogé sur la hausse record des exportations de cigarettes américaines vers l’Iran ces dernières années, le sénateur de l’Arizona a répondu: “Peut-être est-ce une façon de les tuer.” Une déclaration suivie d’un grand éclat de rire du candidat et des journalistes qui l’entourent. Mais John McCain n’a pas oublié qu’il était en campagne. Et que dans ce contexte, toutes les petites phrases sont scrutées, analysées et reprises par le camp d’en face. Il a donc aussitôt précisé qu’il s’agissait d’une “blague”. Et d’insister: “Une blague de la part de quelqu’un qui n’a pas fumé une cigarette depuis 28 ou 29 ans.”

Une blague de mauvais goût, diront certains. Et ce d’autant plus que l’Iran, dont les relations avec les Etats-Unis sont tendues en raison du dossier nucléaire, avait déjà fait les frais de l’humour à la McCain. Interrogé en avril dernier sur une éventuelle attaque américaine sur l’Iran, le sénateur avait chantonné cette réponse, sur l’air de Barbara Ann des Beach Boys: “Bomb, bomb, bomb, bomb, bomb Iran.” Gloussements dans la salle. Encore une blague, selon son porte-parole de campagne, Matt David. Ce dernier avait déclaré que la question ayant été posée sur le ton de la plaisanterie, le sénateur y avait délibérément répondu avec légèreté. Quelques jours plus tard, John McCain disait, lui, “haïr la guerre”.

“Al-Qaïda s’étend en Iran”

Humour ou fausses notes? La question mérite d’être posée. Car celui qui aime se présenter comme un as de la politique étrangère et fait de son expérience son principal avantage sur son rival démocrate Barack Obama, n’est pas toujours diplomate. Blagueur, le sénateur de l’Arizona est aussi gaffeur. Interrogé en mars dernier à Amman sur la situation en Iran, il a répondu: “Et bien, il est de notoriété publique et cela a été rapporté dans les médias qu’Al-Qaïda s’étend en Iran, que ses membres y reçoivent un entraînement et qu’ils reviennent en Irak à partir d’Iran. On le sait bien et c’est malheureux.” Difficile pourtant d’imaginer l’Iran chiite entraîner les membres du réseau islamique sunnite d’Al-Qaïda. A ses côtés, le sénateur du Connecticut, Joe Lieberman, s’est empressé de lui faire remarquer son erreur. “Pardon, les Iraniens forment les extrémistes, pas Al-Qaïda. Pas Al-Qaïda, je suis désolé”, a aussitôt déclaré le sénateur de l’Arizona. Et d’ajouter le soir suivant sur NBC: “Penser que je puisse manquer de connaissance au sujet des sunnites et des chiites après ma huitième visite et ma profonde implication sur cette question est un peu ridicule.”

Pourtant, John McCain a récidivé. Lors de l’audition du général Petraeus, commandant des forces américaines en Irak, devant la Commission des armées du Sénat en avril dernier, le sénateur a de nouveau confondu ces deux courants de l’Islam. Lors d’une question au général Petraeus, John McCain a fait référence à Al-Qaïda comme une organisation chiite. A chaque dérapage, le camp adverse se réjouit. “Nous avons entendu le sénateur McCain confondre sunnites et chiites, l’Iran et Al-Qaïda. Peut-être que c’est pour cela qu’il a voté pour la guerre dans un pays qui n’avait pas de liens avec Al-Qaïda”, avait déclaré Barack Obama après les propos tenus par John McCain en Jordanie. Un camp adverse qui avait déjà exploité une vieille vidéo datant du 17 février 2007, dans laquelle le candidat républicain évoque “le président Poutine de l’Allemagne”!

C’est devenu une habitude, au manque d’expérience en politique étrangère que lui reproche John McCain, Barack Obama souligne désormais à chaque fois les cafouillages, voire les contradictions du républicain en la matière. Pourtant, le démocrate n’en est pas exempt. La semaine dernière, il s’est emmêlé les pinceaux sur l’Irak. Reste à savoir ce qu’en penseront les électeurs. Selon un récent sondage du Pew Research Center, McCain l’emporte par 51% des voix contre 43% sur la question de la politique extérieure. Et le candidat républicain peut être rassuré, confondre les sunnites et les chiites n’empêche pas d’être élu président! S’il en doute, Nicolas Sarkozy pourra lui confirmer.

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