Obama Unsettled

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Obama ébranlé

Barack Obama ne pouvait souhaiter une meilleure campagne. En contrôle de l’agenda tant sur le plan de la politique étrangère américaine que des questions domestiques comme la crise économique, le chemin vers la Maison Blanche s’annonçait alors presque assuré. Conscient d’un fond de racisme persistant au pays, il avait même presque réussi à faire oublier qu’il est noir.

Par surcroît, son adversaire John McCain, qui a toutes les misères du monde à faire un pas devant l’autre sans trébucher, multiplie les erreurs. Il a d’abord déclaré que l’Iraq et le Pakistan étaient des pays frontaliers. Et puis, il a affirmé que les forces d’Al Quaïda avaient été chassées de la province d’Anbar en Iraq grâce aux troupes américaines envoyées en renfort; ce qui est faux. Ou encore, il était convaincu que le conflit en Iraq était le seul et le plus important à survenir depuis la tragédie du 11 septembre, omettant ainsi la guerre en Afghanistan.

Perdant la bataille de l’image et constamment sur la défensive réalisant que les politiques de McCain ne font que rappeler celles de W. Bush, les Républicains ont décidé d’attaquer de front leur rival et de miner sa crédibilité. Ils se sont repliés sur d’anciennes stratégies de campagne optant pour des attaques négatives contre le candidat démocrate. La dernière en lice est une publicité dans laquelle on compare la « vedette » Barack Obama à Paris Hilton et Britney Spears. L’insulte est de taille. Après une tournée internationale victorieuse où plus de deux cents milles personnes se sont déplacées pour l’entendre à Berlin, et pendant laquelle sa politique étrangère en Iraq a pris toute sa crédibilité, une telle comparaison est absolument risible et ne mériterait pas que l’on s’y attarde.

Mais en réalité il n’y a rien de très drôle dans cette approche de John McCain qui, bien avant Obama, se disait pourtant si honnête et si désireux de changer la politique à Washington. S’il accepte de poursuivre cette tactique sans broncher, c’est qu’elle réussit. Elle réussit à semer le doute et bien plus, elle vient confirmer les craintes des électeurs qui n’ont pas le souci ou le temps de vérifier les faits.

Dans un état baromètre comme le Colorado, l’équipe républicaine bombarde littéralement les ondes. Et en trois semaines, les sondages qui favorisaient Obama de 4 à 6 points, le donnent perdant de 4 points aujourd’hui. Nous sommes toujours dans la marge d’erreurs, mais ces chiffres sont des indicateurs de la force de frappe de McCain.

Le parti diffuse présentement quatre publicités véhiculant des messages controversés et faux : Obama préfère perdre la guerre en Iraq en retirant les troupes américaines trop rapidement, il est responsable de la montée du prix de l’essence, il a le temps de jouer au basket-ball mais pas de rencontrer des soldats blessés et enfin, il n’est qu’une star arrogante sans fond. Ces messages questionnent d’une part, son patriotisme et son sens des priorités, renforçant par ailleurs une image élitiste et déconnectée des misères du peuple.

Des messages controversés et faux, mais qui touchent une corde sensible. Pendant que Barack Obama se promenait en Europe, les travailleurs de l’industrie du pétrole et du gaz naturel ici au Colorado ont applaudi la décision du Président Bush – appuyé de John McCain, de reprendre l’exploitation des puits qui sont nombreux à travers l’État. Dans une économie en récession, la création de nouveaux emplois est bienvenue. Et puis, dans un coin du pays où l’automobile est le principal moyen de transport, on avait également approuvé la proposition du candidat républicain de retirer la taxe sur l’essence pendant l’été ; un bénéfice qui aurait permis aux citoyens de sauver cinquante dollars en moyenne par mois. Deux politiques contre lesquelles Obama s’est opposé.

Enfin, Barack Obama fait de l’Afghanistan une bataille à finir et re-déploiera les troupes de l’Iraq vers ce pays. Cette décision en inquiète plusieurs. La guerre en Iraq a déjà coûté cher aux États-Unis tant sur le plan économique que sur le plan humain. Le pays a-t-il les moyens de s’engager davantage dans une guérilla ? Combien d’années faudra-t-il pour sortir victorieux d’une lutte contre le terrorisme, est-ce même possible ?

La campagne de John McCain est outrageuse parce qu’elle propage des faussetés. Mais les messages rejoignent indéniablement l’électorat qui continue de s’interroger sur Barack Obama, ses valeurs et ses politiques.

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