McCain Takes Aim but Misses Target

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McCain dégaine sans faire mouche

Etats-Unis. Les spots agressifs des républicains n’entament pas l’avance d’Obama.

De notre correspondant à Washington PHILIPPE GRANGEREAU

QUOTIDIEN : vendredi 1 août 2008

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John McCain passe à l’offensive. Les deux derniers spots publicitaires du prétendant républicain à la Maison Blanche sont particulièrement gratinés. «C’est la personne la plus célèbre du monde», commence l’un d’eux en montrant Barack Obama, acclamé la semaine dernière par 200 000 personnes à Berlin. Sous les flashs des photographes, Obama, mais aussi deux abonnées des magazines à scandale, Britney Spears et Paris Hilton. «Mais est-il prêt à diriger ?», demande une voix off en soulignant l’opposition du candidat démocrate à toute prospection des compagnies pétrolières au large des côtes américaines. «Davantage d’impôts, davantage de pétrole étranger, voilà le vrai Obama !»

Planning. Quelques jours plus tôt, une autre publicité électorale jetait un doute sur le patriotisme du sénateur de l’Illinois, en affirmant que celui-ci avait renoncé à rendre visite à des GI blessés à l’hôpital militaire américain de Landstuhl, durant son séjour en Allemagne, parce que le Pentagone refusait qu’il amène avec lui des journalistes. Le candidat démocrate a justifié ce changement de planning par sa volonté de ne pas transformer une telle occasion en argument de campagne. «Obama est un arriviste plus soucieux de sa propre image que du bien-être des soldats», estime un responsable de la campagne républicaine. «La nouvelle tactique de McCain, analyse le quotidien conservateur Wall Street Journal, consiste à faire du point fort d’Obama – sa capacité à attirer les foules – une faiblesse».

Face au succès d’Obama, qu’il appelle par dérision «l’élu», McCain commence à perdre la tête et à se contredire. Critiquant au départ la volonté de son rival de «battre en retraite sous le feu ennemi» en retirant les troupes américaines d’Irak en seize mois, il concédait la semaine dernière qu’un tel projet de retrait d’Irak «est un calendrier plutôt acceptable».

Pour reprendre l’initiative, il cogne sans détour. Selon une enquête réalisée par l’Université du Wisconsin, un tiers des publicités de McCain mentionnent son rival et sont «de nature négative». A l’inverse, Obama ne vise son rival que dans 10 % de ses spots. Au total, les deux candidats ont diffusé, depuis deux mois, plus de 100 000 spots (pour un coût de 50 millions de dollars, soit 32 millions d’euros).

«Puériles». Les dernières attaques de McCain contre Obama ne font pas l’unanimité. Son ancien directeur de campagne, John Weaver, les juge «puériles». «Est-ce que John McCain est stupide ?», s’interroge un éditorialiste du Wall Street Journal en se demandant si l’ancien militaire de carrière, qui fêtera ses 72 ans fin août, «possède la concentration suffisante et la discipline intellectuelle» qui peut lui permettre de «ne pas se faire avoir» par Obama. D’autant que l’efficacité de ces méthodes agressives reste à prouver. Le premier sondage réalisé après le retour d’Obama de sa tournée à l’étranger accordait hier à celui-ci une avance de sept points (51 % des intentions de vote, contre 44 % pour McCain).

«Bizarre». Le candidat démocrate, à qui pour l’instant tout semble réussir, est guetté par un tout autre péril. Il fait montre d’une «arrogance qui commence même à irriter certains journalistes», met en garde l’éditorialiste du Washington Post, Dana Milbank. Les reporters du magazine New Yorker, dont la dernière couverture satirique a déplu au personnel de campagne d’Obama, se sont vus exclure de son dernier voyage de presse, rapporte le commentateur du Post. Obama «devient présomptueux», insiste-t-il.

«Nous avons de bonnes chances de l’emporter», s’est en effet avancé Obama, lundi, en se félicitant d’avoir fait la connaissance de leaders étrangers «avec lesquels [il] compte bien avoir affaire dans les huit à dix prochaines années».

«Obama serait arrogant ? Je ne crois pas, se défend Robert Gibbs, le responsable du service de presse d’Obama. Il y a une légère différence entre l’arrogance et la confiance en soi.» «Personne ne pense que McCain ou Bush peuvent apporter de bonnes réponses aux défis actuels, rétorquait Obama mercredi. C’est pour ça qu’ils essaient de vous inciter à avoir peur de moi. Vous savez, en disant que je ne suis pas assez patriotique, que j’ai un nom bizarre et une tête qui ne ressemble pas à celles des autres présidents.»

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