A Double Confession of Faith

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OBAMA ET MCCAIN, LES DEUX CANDIDATS À LA PRÉSIDENCE SE CONFESSENT EN PRIME TIME. OBJECTIF : SÉDUIRE LES EGLISES ÉVANGÉLIQUES.

Double profession de foi

Barack Obama et John Mc Cain

NEW YORK

DE NOTRE ENVOYÉ PERMANENT

John McCain n’aime pas évoquer en public son premier mariage. Et pour cause : il a noué sa relation avec sa femme actuelle alors qu’il n’était pas encore divorcé.

Barack Obama, lui, bien qu’il s’en explique dans son autobiographie, n’évoque pas de gaieté de cœur ses années de « détresse » à Chicago, lorsqu’il consommait des drogues et de l’alcool. D’autres candidats se sont fait mener la vie dure pour moins que ça.

Samedi soir, pourtant, en prime time, les deux prétendants à la présidence sont passés longuement à confesse.

L’un après l’autre (ils n’ont partagé la scène que quelques secondes), ils ont répondu aux mêmes questions posées par le révérend Rick Warren, l’un des pasteurs les plus influents des Etats-Unis.

Le cadre ? L’Eglise de Saddleback, en Californie, cette « megachurch » forte de plus de 20.000 fidèles qui assistent aux sermons de « Pastor Rick ». Le ton ? Tour à tour enjoué et détendu, puis grave et solennel. Le vainqueur ? Hormis les candidats, qui s’en sont tous deux relativement bien tirés, la place de la « foi personnelle » dans la vie politique américaine, et le poids reconnu aux Eglises évangéliques, dont les membres sont courtisés par les hommes (et femmes) politiques du pays.

Le révérend Rick Warren est une star nationale. Son livre (traduit en français sous le titre « Une vie, une passion, une destinée ») qui vise ni plus ni moins qu’à expliquer le sens de la vie, s’est vendu aux Etats-Unis à plus de 25 millions d’exemplaires. Une invitation à Saddleback ne se refuse pas. Pour les deux candidats américains, qui ne se sont pas mis d’accord pour d’autres face-à-face que les trois débats qui auront lieu à partir du 26 septembre, l’occasion était trop belle.

Pourtant plus proche des vues de la droite religieuse, John McCain a dû se faire violence, lui qui a du mal à s’épancher sur sa vie intime. Quant à Barack Obama, beaucoup plus bavard sur ses croyances religieuses, il doit tout faire pour tenter de se connecter avec cette aile évangélique plus jeune et plus ouverte.

« Quel est votre plus grand échec personnel ? », a donc demandé le pasteur, amenant le démocrate à évoquer sa « jeunesse difficile », et le républicain à reconnaître qu’il est « une personne imparfaite » du fait de l’échec de son premier mariage. Leur définition du mariage, précisément ? « L’union entre un homme et une femme », ont répondu les deux candidats, même si Barack Obama s’est prononcé pour le droit à une union civile pour les couples homosexuels.

Sur l’avortement ou la nomination des juges de la Cour suprême, le sénateur démocrate n’a pas caché que ses vues ne correspondent pas à celles de la droite religieuse traditionnelle. Mais évoquant sa certitude que « Jésus-Christ est mort pour mes pêchés et je me rachète à travers lui », ou sa volonté de voir les Américains comme autant d’émissaires lancés dans « la lutte contre le Mal », Barack Obama a particulièrement bien réussi son examen. Plus détendu encore, son rival a multiplié les bons mots et les anecdotes. Il a en outre réussi à ramener la discussion sur des thèmes plus politiques, engrangeant sans doute des points lorsqu’il a comparé Al-Qaïda à un « Mal absolu » (son rival avait évoqué la pauvreté).

Le fait que cette « conversation » se soit tenue dans une église, hors de tout cadre politique, ne semble soulever des objections qu’auprès d’autres… responsables religieux. Cet événement a « promu l’idée que les Américains allaient élire un pasteur en chef plutôt qu’un commandant en chef », s’insurgeait le révérend Welton Gaddy, président de l’Interfaith Alliance, qui dénonce une course des candidats pour la médaille du « plus saint que toi ».

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