États-Unis-Israël : nuages à lhorizon
jeudi 21 août 2008 par Michel WARSCHAWSKI
Il serait stupide de nier que, sur bien des aspects, Barack Obama diffère non seulement du candidat républicain John McCain, mais de tous les autres dirigeants de son propre parti. Le jeune candidat démocrate représente une rupture nette non pas, évidemment, avec le consensus bipartisan américain, mais certainement avec près dune décennie de néoconservatisme, qui sest avérée catastrophique non seulement pour les peuples du monde, mais même pour les États-Unis. Il y a, cependant, un sujet politique, et non des moindres, sur lequel Obama ne séloigne pas dun millimètre des positions de ses adversaires dhier et daujourdhui : le soutien total et inconditionnel à Israël.
Je ne partage pas lopinion de ceux qui voient dans les déclarations hystériquement pro-israéliennes dObama uniquement de lopportunisme électoral, même sil ne fait pas de doute quil en rajoute une louche pour attirer les fonds et les votes de lélectorat pro-israélien.
Lensemble de la classe politique états-unienne soutient Israël parce quelle partage la même vision sur limportance du Moyen-Orient pour les intérêts américains? : le pétrole en premier lieu, linstabilité de cette région où les régimes totalitaires constituent la règle et la démocratie lexception, et la nécessité de maintenir en permanence une présence armée capable de réagir à toute forme de remise en question de ces dits intérêts, par un mouvement populaire ou un régime local. Ce rôle est dévolu depuis le milieu des années soixante à Israël et cest cela et non lefficacité dun soi-disant lobby juif qui explique le soutien militaire et financier colossal à lÉtat hébreu.
Concernant lalliance stratégique entre Washington et Tel-Aviv, il ny a aucune divergence entre républicains et démocrates, entre McCain et Barack Obama. Cela dit, le cadre de cette alliance stratégique va sans doute être remis en question après les prochaines élections, si Obama est élu. En effet, avec le départ de George Bush et du dernier carré de néoconservateurs et dévangélistes qui lentourent encore pour quelques mois, les États-Unis vont changer leur politique étrangère, qui sest soldée par un fiasco mémorable en Afghanistan, en Irak et au Liban. Dès à présent, des négociations se déroulent avec le régime de Damas, qui reste officiellement pour Washington un État voyou et le pilier central de laxe du mal. La stratégie de la guerre globale et préventive a échoué. Le rapport Baker-Hamilton la clairement expliqué à ladministration actuelle. Si, comme le disent ses anciens conseillers, George Bush a mis ce rapport à la poubelle, il a été bien accueilli par le Département dÉtat et, phénomène nouveau, par une partie du Pentagone et de lÉtat-major.
Dici un an environ, la politique américaine au Moyen-Orient va connaître des changements importants, et lÉtat dIsraël devra sy faire et réajuster sa stratégie. Ceci risque de poser problème pour une partie de lestablishment militaire, qui a plus envie que jamais de faire la démonstration que la capacité de dissuasion de larmée israélienne, fortement remise en question par la résistance libanaise en 2006, a été reconstituée. À plus forte raison si les prochaines élections voient la victoire de Benjamin Netanyahu, le plus extrémiste des néoconservateurs. En dautres termes, si les urnes emmènent simultanément au pouvoir Barack Obama et Benjamin Netanyahu, les relations stratégiques israélo-américaines vont connaître certaines intempéries.
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