Gustav le cyclone est parti. Place aux ballons et aux flonflons ! C’était le grand jour, mercredi 3 septembre, à Saint Paul (Minnesota), pour Sarah Palin, colistière de John McCain sur le ticket républicain pour la Maison Blanche. On attendait évidemment avec plus qu’un brin de malice la prestation de l’intéressée, jeune et jolie gouverneure de l’Alaska, qui traîne quelques casseroles récemment accrochées à son char, telles qu’abus de pouvoir (elle a apparemment abusé de sa fonction pour persécuter un beau-frère détesté) et autres joyeusetés.
Elle a aussi une fille de 17 ans, lycéenne et déjà enceinte, alors qu’elle-même, fervente pentecôtiste, prêche l’abstinence sexuelle aux ados. Des broutilles ! C’est une fonceuse, presque un char d’assaut. Une virago ? A vous de voir ! Votre serviteur était en tout cas devant son écran, aux aurores, ce jeudi matin à Paris (mercredi soir aux Etats-Unis) pour regarder en direct Sarah s’adresser à ses pairs républicains. Chignon et lunettes d’institutrice (ou de bibliothécaire, au choix). Sage rang de perles. Elle a pourtant été élue à 20 ans reine de beauté d’une petite ville d’Alaska. Elle était connue alors comme Sarah le barracuda, championne de basket du lycée, réputée peu amène. Elle garde un souvenir mitigé de ce concours : “Ils nous faisaient nous aligner en maillot de bain et nous retourner pour que les juges masculins puissent voir nos fesses. Je n’arrivais pas à le croire !” C’était donc LE discours de sa vie, mercredi soir, à Saint Paul.
Elle disait tout le bien qu’elle pensait de John McCain, des valeurs familiales, patriotiques de l’Amérique profonde, celle des petites villes où l’on respecte encore les anciens combattants et les mères de famille. Justement, elle a cinq enfants, qui s’alignaient à côté d’elle sur le podium, y compris la lycéenne enceinte et le tout dernier, né handicapé, et bien évidemment aussi le mari, Todd, pêcheur (de poisson) professionnel la moitié de l’année et agent commercial pour BP le reste du temps. On résume ? Elle croit en Dieu, en l’Amérique, en la famille et dans les armes à feu. Elle se définit elle-même comme une “maman hockey”, une mère de famille qui va assister aux matchs de hockey de ses enfants. “Quelle est la différence entre une maman hockey et un pitbull ?”, demandait-elle à la ronde. “Le rouge à lèvres !”, répondait-elle, à la plus grande joie de l’auditoire.
A la fin du discours, John McCain venait l’embrasser, elle et toute sa famille.
Allure de gentleman, tempes grisonnantes, il avait alors tout à fait l’air de Monsieur Verdoux, l’élégant père de famille, assassin de douze femmes par nécessité, admirablement campé par Charlie Chaplin. C’était en quelque sorte Monsieur Verdoux et son pitbull.
Dominique Dhombres
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