Palin, the "Female Democrats' Worst Nightmare"

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“Sarah Palin, cauchemar des femmes démocrates”

Propos recueillis Jérôme GUILLAS

leJDD.fr

>> Le jour de son 72e anniversaire, John McCain, a créé la surprise et révélé le nom de… sa colistière. Sarah Palin, gouverneur de l’Alaska, ancienne reine de beauté, ouvertement pro-life et membre de la puissante NRA est âgée de 44 ans. Nicole Bacharan*, politologue et spécialiste des Etats-Unis fait le point pour leJDD.fr des forces et des faiblesses de Sarah Palin.

Quel est votre sentiment après l’annonce du choix de Sarah Palin, gouverneur de l’Alaska, comme colistière de John McCain?

C’est une grosse surprise. Elle n’était pas du tout dans la liste finale. C’est même un peu la consternation.

Pourquoi?

Je vois bien ce qui a pu pencher en sa faveur. Quelle est la fonction d’un vice-président, outre de remplacer le président? C’est de compenser les faiblesses ou de renforcer les points forts. Elle est jeune, c’est une femme. Elle compense sur ce point la vieillesse de McCain et sa nomination apparaît comme une volonté de s’ancrer dans la modernité. Les démocrates ont un noir, les républicains ont une femme. Elle est clairement anti-avortement, ce qui amènera les votes de la droite chrétienne qui hésitait à s’engager pour McCain. Son dernier enfant, né en avril, est atteint du syndrome de Down. Elle le savait depuis le début de sa grossesse mais elle a tenu à la mener jusqu’au terme. C’est un signe très fort envoyé aux pro-life. Voilà pour les points forts si vous voulez.

Et les faiblesses?

Elles sont criantes. Elle ne lui apporte pas d’Etat. Les républicains sont tellement sûrs de gagner l’Alaska qu’ils n’y font même plus campagne. Et alors que McCain a joué la carte de l’inexpérience supposée de son rival démocrate, Barack Obama fait figure de vieux routier de la politique en comparaison de Sarah Palin qui apparaît comme une novice. Son expérience est très faible, notamment sur le plan international.

Est-ce l’atout charme du parti républicain?

Je dirais plutôt que son physique la dessert. Certes elle est jolie, c’est une ancienne reine de beauté, elle est souriante, photogénique et elle porte des chignons compliqués… Elle n’a pas ce côté masculin qu’avait fini par adopter Hillary Clinton pour rassurer les électeurs. En fait je n’arrive pas à y croire! John McCain fête ses 72 ans aujourd’hui (le 29 août, Ndlr) et s’il lui arrive quelque chose, c’est elle qui sera présidente des Etats-Unis.

Elle doit bien avoir quelques qualités tout de même?

C’est un outsider dans son parti. En Alaska, elle a fait campagne contre les républicains. Elle a une réputation d’honnêteté et donne des gages, notamment par rapport à certaines positions anti-environnement et anti-avortement, à la droite dure. Et puis il y a l’effet de surprise qui peut jouer en faveur du camp républicain. Mais selon moi le calcul est très risqué.

Sa désignation est une erreur de stratégie?

Oui c’est une erreur stratégique. Elle va tout de même faire des débats face à Joe Biden. Je ne la connais pas bien, elle a sans doute quelques arguments, mais cela s’annonce tout de même très compliqué.

Elle manque d’envergure pour le poste…

Oui et son passé de reine de beauté accentue encore ce côté poids léger. Tout cela ne fait pas très sérieux et rien ne compensera son inexpérience en politique. Et les femmes démocrates, déçues par Barack Obama qui a brisé l’élan d’Hillary Clinton, ne voteront jamais pour McCain à cause de cela. Les positions anti-avortement de Sarah Palin sont trop affirmées. Elle est le cauchemar des femmes démocrates.

*Ouvrages à paraître

Le petit livre des élections américaines, en librairie le 4 septembre aux éditions du Panama

Les Noirs américains, en librairie le 2 octobre aux éditions du Panama

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