REPORTAGE – Le journaliste Jonathan Mann couvre les conventions démocrate et républicaine pour CNN. Notre envoyée spéciale a passé une journée dans le QG de la célèbre chaîne américaine, qui deploie les grands moyens pour ces deux événements.
Pour trouver Jonathan Mann parmi les 15.000 journalistes présents sur les conventions républicaines, il faut d’abord parvenir à rentrer dans l’un des lieux les plus en vue des conventions : le CNN Grill, installé successivement en face du Pepsi Center à Denver puis en face du Xcel Energy Center à Saint Paul.
C’est dans ce QG de la chaîne «à mi-chemin entre le centre de loisirs et entre la newsroom», que Jonathan Mann prépare ses émissions depuis son réveil, à 3h45. «Pendant les conventions, je fais un boulot que je ne fais pas autrement pour prendre l’antenne deux fois par heure», explique-t-il, dans un français impeccable.
Premier correspondant de la chaîne en continu à Paris pendant trois ans, Jonathan Mann ne peut pas s’empêcher de comparer les deux pays. «La politique américaine est comme partout ailleurs, sauf que tout est plus grand, plus fort, plus fou, plus passionné qu’en France», explique-t-il énergiquement. «C’est une vraie industrie à l’échelle des Etats-Unis».
Face à cette disproportion, les networks ont appris à s’adapter. La chaîne d’Atlanta a ainsi décuplé sa couverture et ses moyens, pendant les conventions, pour supplanter ses concurrents de Fox News, ABC ou MSNBC.
Pas moins de 200 employés de CNN sont ainsi déployés à Denver et à Saint-Paul. «C’est comme une armée ou un orchestre. CNN veut être propriétaire de ce genre d’événement», explique le journaliste d’origine canadienne, au milieu de la salle de rédaction ad hoc de la chaîne.
«Je ne connais pas le budget de notre couverture, mais c’est énorme. Et en plus de tout ce que vous voyez ici, il y a tout ce que vous ne voyez pas. Les coûts techniques sont par exemple très élevés, ne serait-ce que pour assurer la retransmission via satellite en direct. J’ai beau être à CNN depuis 20 ans, ça m’impressionne toujours autant», reconnaît-il.
Et pendant cette campagne, Jonathan Mann n’a cessé d’aller de surprise en surprise. «Vous savez, on l’a dit 2.000 fois, mais on peut le dire 2.000 fois de plus, même si les gens en ont marre de l’entendre : c’est vraiment une élection historique.»
Et d’expliquer : «Quand on pense qu’à leur création, les démocrates étaient en faveur de l’esclavage et qu’aujourd’hui, ils donnent l’investiture à un candidat noir !», s’étonne-t-il encore. «Je suis très fier qu’on ait deux hommes d’une telle valeur en compétition», ajoute-t-il.
Mais malgré ses années d’expérience comme analyste politique, le journaliste ne veut plus se risquer au jeu des pronostics. «Il y a deux mois, j’aurais dit Obama sans hésiter. Toutes les conditions étaient là pour que les démocrates gagnent : deux guerres, une économie qui va mal et un président sortant très impopulaire. Sauf que deux mois plus tard, ils ne gagnent toujours pas», explique-t-il. «Il n’y a vraiment aucune façon de prévoir ce qui va se passer».
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