John McCain: American First

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Dans les journaux, Gustav a balayé les républicains, relégués aux pages “politique”. La convention qui doit consacrer John McCain était déjà amputée de la présence de poids lourds républicains, comme George Bush. Désormais, des élus évoquent l’annulation de tous les discours de soutien. John McCain attaque une semaine décisive qui pourrait déterminer l’issue électorale.

Ces derniers jours, les Républicains n’ont qu’un objectif en tête: éviter que le scénario de 2005 ne se répète. Il y a trois ans, les Américains taxaient George W. Bush d’incompétence, lorsque son administration n’a pas su gérer les conséquences du passage de l’ouragan Katrina en Louisiane. Aujourd’hui, La Nouvelle-Orléans est de nouveau au coeur de la tourmente, Gustav étant sur le point de balayer les digues qui protègent l’un des principaux ports pétroliers du pays. Une catastrophe qui pourrait favoriser John McCain dans les sondages, s’il sait gérer cette crise. Mais si Barack Obama a été investi par son parti à la convention démocrate qui s’est clos jeudi dernier, le candidat républicain n’a pas encore validé son ticket.

Critiquer Bush pour mieux rassembler

Le grand rendez-vous de la campagne républicaine devait se dérouler de lundi 1er au jeudi 4 septembre à St-Paul-Minneapolis. En quatre jours, George Bush, Arnold Schwarzenegger, Rudolf Giuliani, Dick Cheney ou encore Mitt Romney devaient contrebalancer les soutiens de poids obtenus par Obama la semaine dernière. Mais Gustav a balayé le programme de la convention républicaine. La Maison blanche a annoncé que George Bush et son vice-président Dick Cheney avaient renoncé à se rendre à Saint-Paul-Minneapolis, où ils devaient prononcer un discours lundi. Soucieux de faire oublier leur attitude durant l’après-Katrina, le président a pris les devants cette fois en promettant un soutien sans faille aux gouverneurs des Etats concernés -le plan “Alerte Ouragan” a été déclenché en Louisiane, au Mississipi et au Texas. Preuve de cette bonne volonté: Dick Cheney restera sur place pour suivre les événements, et George Bush lui-même devrait rendre visite aux autorités locales lundi soir, puis jeudi prochain.

Le président a tout de même pris soin de laisser au candidat de son parti une longueur d’avance: en effet, John McCain a annoncé dès vendredi dernier qu’il suivrait de très près la crise. Dimanche, une heure avant l’annonce de mesures d’urgence prises par l’administration Bush, le sénateur de l’Arizona a décidé d’écourter la convention de Saint-Paul-Minneapolis: “Nous allons suspendre la plupart de nos activités à l’exception de celles qui sont absolument nécessaires.” Autrement dit, les discours de soutien prévus lundi ont été annulés, et le programme du reste de la convention reste encore inconnu. Dans ces ajustements de calendrier, John McCain obtient néanmoins un avantage: depuis le début de la campagne, il tente de se détacher de toute assimilation à l’administration Bush. Encore dimanche soir, lors d’une interview sur Fox News, John McCain a dressé l’inventaire complet de ses différences avec George W. Bush. Dénonçant l’usage de la torture ou la gestion du conflit irakien, le candidat a ajouté que, s’il avait été président, il “aurait déjà évacué la Louisiane depuis une semaine”. Le fait que le président et Dick Cheney ne soient pas présents à St-Paul-Minneapolis peut donc jouer en faveur de John McCain. En revanche, la prestation du gouverneur californien, Arnold Schwarzenegger, a aussi été reportée -et pourrait être annulée à en croire le Los Angeles Times. Le sénateur de l’Arizona ne peut se passer de ce soutien de poids: avec ses idées écologiques et ses mesures libérales efficaces, Schwarzenegger a réussi à incarner l’aile réformatrice du parti républicain.

Convention par liaisons satellites

Lundi, John McCain et sa colistière fraichement intronisée, Sarah Palin, étaient dans le Mississippi. Il est temps que “nous retirions nos chapeaux de républicains pour mettre nos chapeaux d’Américains et de dire ‘Amérique, nous sommes avec toi'”, avait déclaré McCain après avoir visité un centre de secours à Jackson. Etre proche de tout un peuple, quitte à frustrer son propre parti. En effet, suivant le cours des événements, le sénateur de l’Arizona pourrait prononcer son discours d’acceptation par liaison satellite depuis le Golfe du Mexique. Une première dans l’histoire politique des Etats-Unis. Une solution également envisagée par le gouverneur de Louisiane, Bobby Jindar, par le gouverneur de Floride, Charlie Crist et par la Maison blanche -le soutien de George Bush reste tout de même indispensable, car il rallie l’aile conservatrice du parti. Les sympathisants républicains risquent donc de suivre une convention… sur grand écran.

Rick Davis, directeur de campagne de McCain, a indiqué à la presse que le programme des trois prochains jours pourrait encore être chamboulé. Un élu républicain a même évoqué le “spectre de l’annulation”. Une décision inédite qui régalerait les démocrates. Ces derniers critiquent déjà le manque de discernement de McCain, qui, selon un porte-parole de l’équipe démocrate, “se prend déjà pour un président”. Barack Obama a de son côté choisi la discrétion en déclarant qu’il éviterait de se rendre dans les régions menacées par l’ouragan afin de ne pas distraire les secours. Il a ajouté qu’en cas de dégâts importants, il mobiliserait son réseau de deux millions de donateurs sur internet pour aider les victimes. Les démocrates semblent attendre le prochain faux-pas des républicains, qui doivent profiter de l’ouragan pour sortir de la tourmente.

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