Obama-McCain: le match des programmes économiques
C’est dans une conjoncture économique difficile que McCain et Obama se présentent à la Maison Blanche. Chacun a ses recettes pour surmonter la crise… mais les déficits risquent de leur compliquer la tâche. LEXPRESS.fr fait le point.
“It’s the economy, stupid”… Alors que les Etats-Unis sont touchés de plein fouet par la crise, Barack Obama et John McCain se souviennent de la devise qui avait permis à Bill Clinton de l’emporter en 1992.
Tous les clignotants de l’économie sont au rouge
L’économie est bel et bien devenue un thème majeur de la course à la Maison Blanche. Pas étonnant : tous les clignotants sont au rouge depuis que la bulle des subprimes a éclaté, l’été dernier. Frappés par la détérioration du marché de l’immobilier, par la hausse des prix de l’essence et de l’alimentaire, les ménages dépriment et la consommation s’essouffle. Le chômage, à 5,7% de la population active, a atteint son niveau le plus élevé depuis quatre ans. Et la faiblesse de la croissance, qui a péniblement atteint 1,9% au deuxième trimestre en rythme annuel, fait même craindre une récession.
Les candidats à la présidence ont tous les deux donné un coup d’accélérateur à leurs propositions économiques, même si celles-ci sont inspirées de deux philosophies totalement différentes. John McCain compte sur la baisse des impôts pour relancer l’économie. Il mise sur les plus riches et sur les entreprises, principaux bénéficiaires de son programme, pour servir de locomotive à la croissance américaine.
Il entend aussi renforcer les accords commerciaux bilatéraux pour abaisser les barrières au commerce, espérant ainsi soutenir les exportations. “Son programme est clairement libéral, et se situe dans la continuité de celui de George W. Bush”, analyse Benjamin Carton, économiste au CEPII, le Centre d’études prospectives et d’informations internationales.
Le champion choisi par les républicains a d’ailleurs prévu d’installer dans la durée la baisse des impôts sur les plus-values et les dividendes, votée en 2001 pour une période de dix ans.
“Barack Obama, lui, met beaucoup plus l’accent sur l’équité de la croissance”, poursuit Benjamin Carton. Le candidat démocrate souhaite mettre en place une aide directe de 1000 dollars d’ici l’automne, pour aider les familles à faire
face à la hausse du coût de la vie. Il a aussi prévu de redresser le salaire minimum, et de mettre en place une couverture sociale universelle pour les enfants.
Pour renouer avec la croissance, Obama préfère s’inspirer de la théorie keynésienne, expérimentée pour la première fois par un de ses lointains prédécesseurs, Franklin D. Roosevelt, dans les années 1930 : il compte ainsi encourager les grands travaux d’infrastructure en injectant 50 milliards de dollars d’argent public dans l’économie.
Le flou règne encore sur le financement des programmes
Pour financer son programme, le candidat démocrate mise avant tout sur l’annulation des baisses d’impôt votées sous l’ère George W. Bush. McCain, lui, estime que c’est l’Etat qui doit se serrer la ceinture et alléger son train de vie, et prône la réduction des aides sociales, notamment l’indemnisation chômage et l’assurance maladie.
“Les deux candidats restent flous, observe Benjamin Carton. McCain lance les chiffres un peu au hasard, et même si Obama a su se faire entourer par des experts, il ne s’est pas encore prononcé sur la question du déficit budgétaire”.
Or, elle risque de se poser rapidement, pour l’un comme pour l’autre. Le déficit ne cesse de se creuser, et pourrait atteindre 482 milliards de dollars, soit 3,3% du PIB, en 2009, contre 2,7% cette année.
“L’ampleur du déficit budgétaire, ajoutée à celle du déficit commercial, dessine une situation sans précédent qui ne permet plus aucune marge de manoeuvre. Et cela, aucun des deux candidats ne semble le réaliser”, observe Jacques Mistral, directeur des études économiques à l’Institut français des études internationales, qui vient de publier La troisième révolution américaine.
Dès lors, le futur locataire de la Maison Blanche risque de devoir choisir entre, d’une part, le respect de ses engagements, au risque de laisser filer le déficit à des niveaux insoutenables, et d’autre part, la soumission à l’orthodoxie budgétaire, qui ne manquera pas de décevoir l’électorat.
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