Electoral Truce for 9/11

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Trêve électorale pour le 11-Septembre

Un ouvrier, lors de la commémoration des attentats du World trade center, en 2002 (Reuters).

Présidentielle. Les candidats ont signé un texte commun pour les 7 ans des attentats.

PHILIPPE GRANGEREAU

QUOTIDIEN : jeudi 11 septembre 2008

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Sept ans après l’attentat, Oussama Ben Laden court toujours. Et George W. Bush n’a plus que quatre mois pour capturer le chef d’Al-Qaeda, «mort ou vif», selon son expression. Les deux candidats à sa succession promettent qu’ils seront plus habiles et déterminés. Barack Obama a affirmé qu’il «n’hésitera pas» à frapper les cellules terroristes au Pakistan, même sans l’approbation d’Islamabad, tandis que John McCain, le candidat républicain, a surenchéri en déclarant qu’il pourchassera Ben Laden «jusqu’aux portes de l’enfer». «Je sais comment le trouver », s’est-il vanté.

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A l’occasion du jour anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, les deux rivaux ont décidé de faire front commun face au terrorisme en observant une trêve dans leur campagne électorale. Ils doivent apparaître ensemble aujourd’hui à New York, sur le site du World Trade Center détruit. «Nous étions tous rassemblés le 11 septembre, pas en tant que démocrates ou républicains, mais en tant qu’Américains», écrivent les deux sénateurs dans un communiqué conjoint.

Pervers. Comment les deux candidats mèneront-ils leur guerre contre le terrorisme ? Barack Obama plaide de longue date pour déployer en Afghanistan, notamment dans les zones frontalières du Pakistan, une bonne partie des forces américaines actuellement en Irak (146 000 hommes). Pour lui, «l’attrait d’Al-Qaeda est accentué par la présence américaine» en Irak. Mais, paradoxalement, il n’explique pas pourquoi un renfort militaire américain massif en Afghanistan n’aurait pas le même effet pervers. «Quand je serai président, je mènerai la guerre qui doit être gagnée», a-t-il déclaré l’an dernier dans un discours consacré à la défense nationale, «en sortant d’Irak pour nous projeter sur le champ de bataille en Afghanistan et au Pakistan». Il n’explique pas non plus comment il éviterait un conflit avec le Pakistan, puissance nucléaire musulmane de 170 millions d’habitants, s’il empiète sur sa souveraineté. McCain a, quant à lui, plusieurs fois critiqué la volonté affichée de son rival de s’en prendre à Islamabad : «Ce n’est pas le bon moment pour menacer le Pakistan. » Mais tout comme lui, il prône un déploiement accru de GI en Afghanistan, d’au moins 15 000 hommes, prélevés sur les divisions en Irak. «Il est clair que nous avons besoin de forces supplémentaires en Afghanistan », a réitéré McCain hier, en s’en prenant à son rival : «Le sénateur Obama croit que nous devons perdre en Irak afin de gagner en Afghanistan. Moi, je veux gagner en Irak et en Afghanistan.»

«Cellules». Mardi, le président George W. Bush a tardivement donné raison à Obama en annonçant qu’en janvier, 8 000 GI seront retirés d’Irak, tandis que 4 000 Marines seront transférés sur le théâtre des opérations afghan. L’armée américaine a en outre commencé, voilà déjà plusieurs mois, à effectuer des raids aériens quasi quotidiens contre les bases présumées de talibans et d’Al-Qaeda au Pakistan, sans l’aval d’Islamabad. Au risque de déstabiliser le fragile Pakistan, les forces spéciales américaines sont même intervenues sur le terrain ce mois-ci, au Waziristan pakistanais, tuant 15 civils, selon Islamabad, qui a réagi en réaffirmant que le Pakistan protégera dorénavant sa souveraineté.

«Nous avons compromis nos plus précieuses valeurs dans les cellules de détention de Guantánamo et les sombres couloirs d’Abou Ghraib», jugeait l’an dernier Obama en dressant un bilan de la «guerre contre la terreur» menée par la Maison Blanche. Un point de vue qui converge avec celui de McCain, ancien prisonnier de guerre opposé à la torture, qui souhaite lui aussi fermer Guantánamo.

Les deux candidats sont aussi sur la même longueur d’onde sur la question des écoutes d’Américains qui communiquent avec l’étranger effectuées sans mandat d’un juge. En juin, le Congrès les a autorisées avec la voix de McCain… et d’Obama, qui s’était pourtant élevé contre ces écoutes.

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