Obama and McCain Out To Conquer Undecided

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Il ne reste plus que 57 jours avant l’élection présidentielle américaine dont le résultat sera historique, quel que soit le « ticket » gagnant. Les deux candidats ayant choisi leurs colistiers, la course à la Maison-Blanche – qui a été jusque-là très riche en surprises – est entrée dans sa dernière ligne droite. Les démocrates Barack Obama et Joe Biden ainsi que les républicains John McCain et Sarah Palin devront, chacun de leur côté, mener une bataille acharnée pour conquérir les voix des indécis. « L’Orient-Le Jour » a interrogé plusieurs experts en politique américaine afin d’évaluer le bilan des candidats et de déterminer lequel des deux « tickets » a plus de chances d’accéder à la tête des États-Unis.

L’élection présidentielle du 4 novembre ne ressemblera à aucune autre, les Américains étant appelés à choisir entre deux « tickets » inédits dans l’histoire américaine.

Côté démocrate, le jeune métis et charismatique Barack Obama veut « incarner le changement ». S’il est élu, le sénateur de l’Illinois sera le premier noir à conquérir la Maison-Blanche. Constamment accusé depuis le début de la campagne de ne pas avoir suffisamment d’expérience sur le plan international et de ne pas avoir la stature de « commandant en chef », il a choisi le sénateur du Delaware Joe Biden, vétéran de la politique américaine, comme colistier. Bien qu’il ait une réputation de gaffeur, Biden reste très populaire auprès de la classe ouvrière et des retraités.

Côté républicain, on propose aux Américains un héros de la guerre du Vietnam, John McCain, et sa jeune colistière, la très conservatrice Sarah Palin. S’il est élu, le « maverick » sera, à 72 ans, le président le plus âgé à entrer à la Maison-Blanche et sa colistière la première femme à devenir vice-présidente des États-Unis. Si le choix de Mme Palin, 44 ans et gouverneur d’Alaska depuis 2006, pourrait attirer la droite du Parti républicain, cette mère de cinq enfants n’a toutefois aucune expérience en matière de sécurité nationale et de politique étrangère.

« Le choix de McCain est à la fois ingénieux et diabolique », estime Christine Stansell, professeur d’histoire américaine à l’Université de Chicago. « Avec la nomination de Palin, il a réussi à revitaliser sa campagne électorale et à introduire le thème du changement aux Américains pour contrer le leitmotiv des démocrates. C’est un coup stratégique sans aucun doute », précise-t-elle. En effet, avec ce tour de force, le sénateur de l’Arizona a réussi créer un « buzz » médiatique à la Obama tout en espérant attirer les électrices, surtout celles déçues par la défaite de Hillary Clinton aux primaires démocrates. « McCain a réussi à cerner l’un des points faibles dans la campagne d’Obama », souligne Mme Stansell. Selon cette féministe et fervente partisane de la sénatrice de New York, l’équipe d’Obama a, depuis juin, pris pour acquis les voix des 18 millions supporters de Hillary Clinton et n’a fait aucun effort pour rallier les femmes à leur camp. « L’équipe d’Obama a même qualifié les pasionarias de Clinton de râleuses et de mauvaises perdantes à de nombreuses reprises dans la presse », affirme Mme Stansell.

Des doutes subsistent toutefois sur la capacité de Mme Palin, qui est contre l’avortement et membre à vie de la NRA, le lobby américain des fabricants d’armes à feu, de séduire l’électorat féminin de gauche. Selon un sondage publié la semaine dernière, 55 % des électrices d’Hillary Clinton disent qu’elles ne voteront pas pour McCain, contre seulement 9 % qui affirment qu’elles vont voter pour lui en raison de la présence de Mme Palin sur le ticket. « En général, les supporters de Mme Clinton sont de ferventes démocrates et ne voteront probablement pas pour McCain, affirme Mme Stansell. Ce qui m’inquiète cependant, c’est que les millions des partisanes de Hillary Clinton décident de s’abstenir de voter, surtout qu’Obama n’a toujours pas réussi à les séduire. »

Wayne Steger, expert en politique américaine, est du même avis. Selon lui, cette possibilité risque de jouer en faveur de McCain. « La présence de Mme Palin sur le ticket républicain pourrait attirer les électrices indépendantes ou indécises », poursuit-il. Selon les derniers chiffres, McCain doit gagner 55 % des voix des indépendants et plus de 15 % des voix démocrates afin de battre Obama à l’élection présidentielle. « Les politologues ont conclu que le choix du candidat à la vice-présidence n’affecte que très légèrement le pourcentage des voix (entre 0,1 et 0,3 %), mais cette faible marge peut s’avérer décisive au cas où l’élection serait serrée », indique M. Steger. Les derniers sondages révèlent que McCain et Obama sont à égalité, à 42 %. Il y a une semaine, les chiffres donnaient un avantage au sénateur de l’Illinois de 7 à 8 points. Selon l’expert, l’avance de McCain s’explique par le changement de stratégie dans sa campagne électorale, survenue il y a quelques mois, notamment après le ralliement de Karl Rove, celui qui fut le plus proche conseiller de George W. Bush à la Maison-Blanche.

« La convention démocrate a été un succès remarquable, mais celle des républicains, qui avait été lancée dans une ambiance quelque peu maussade, a finalement été plus avantageuse pour McCain sur le plan politique grâce, ironiquement, à l’ouragan Gustav », constate pour sa part Henry Berger, professeur d’histoire contemporaine américaine à l’université de Washington. « Cette situation a permis à John McCain, d’une part, de montrer ses qualités de président, et, d’autre part, de se dissocier du très impopulaire Bush qui n’est pas venu en personne à la convention de St Paul », souligne M. Berger.

Une chose semble certaine toutefois, la nomination de Sarah Palin va renforcer l’offensive démocrate et l’importance d’Hillary Clinton au sein de la campagne du parti. « Nous nous attendons à ce que la sénatrice de New York revienne sur le devant de la scène afin de neutraliser Sarah Palin qui a des positions et une pensée politique complètement opposées à celles de Clinton », estime Henry Berger. « Les sondages révèlent que 90 % des Américains ont fait leur choix. Il ne reste plus que 57 jours avant l’élection et la bataille sera très serrée. Entre-temps, tout peu arriver. »

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