Sarah Palin déchaîne les passions. Républicaines comme démocrates. Le gouverneur de l’Alaska a réussi le tour de force de faire remonter John McCain dans les sondages. Mais Sarah Palin traîne également quelques boulets. Alors qu’elle est déjà engluée dans une affaire d’abus de pouvoir, le New York Times révèle les dérives de la gestion très personnelle de son administration.
On ne fait pas d’omelette politique sans caser ses oeufs. Sarah Palin, le gouverneur de l’Alaska et colistière de John McCain sur le ticket républicain pour la Maison blanche, en sait quelque chose. La “Hockey Mum” essuie les foudres du New York Times, ouvertement pro-démocrate, qui a révélé dans son édition du 14 septembre un peut-être futur scandale. Sarah Palin, selon le quotidien de la Grosse pomme, aurait favorisé ses amis, au moins cinq, principalement des anciens camarades de classe, afin qu’ils obtiennent des postes à responsabilités au sein de son administration, pour, de surcroît, des salaires défiant toute concurrence.
Placer ses amis. Caser ses oeufs donc. Et si possible dans le même panier. On peut gouverner de loin mais on n’administre bien que de près. C’est peut-être la raison pour laquelle Sarah Palin, fille de l’Alaska, s’est entourée de proches pour pouvoir, une fois élue gouverneur du plus grand Etat des Etats-Unis par la superficie, contrôler au mieux son administration et s’assurer d’une loyauté et d’une fidélité, très chères à son coeur, quasi-absolues. Déjà, en tant que maire de Wasilla, fraîchement élue, elle avait congédié six directeurs départementaux.
Le “Troopergate” est lancé
Outre les révélations du New York Times, elle fait actuellement l’objet d’une enquête fédérale pour avoir renvoyé, le 11 juillet dernier, le chef de la sécurité publique de l’Alaska pour des raisons personnelles. Cette affaire a déjà un nom: le “Troopergate” [de trooper, un agent de sécurité en anglais, Ndrl]. L’homme en question, Mike Wooten, avait refusé de limoger un agent de police qui n’était autre que le beau-frère de Sarah Palin. Le mariage avec la soeur de la peut-être future vice-présidente des Etats-Unis battait de l’aile et le couple était alors engagé dans une délicate procédure de divorce. Todd Palin, mari de Sarah, et 12 autres proches ont été convoqués vendredi pour témoigner sous serment dans cette affaire devant le parlement de l’Etat.
La colistière de John McCain n’a pour l’heure fait d’autre commentaire que de rejeter ces accusations d’abus de pouvoir. Elle s’était pourtant engagée, dès l’ouverture de l’enquête, fin juillet, à coopérer pleinement. Mais voilà, elle n’était pas encore une vice-présidente potentielle à cette date. Depuis, sept hauts responsables de l’administration de l’Alaska et membres du cabinet de Sarah Palin ont refusé des entretiens avec les enquêteurs.
L’amour vache
Pour étayer la thèse de favoritisme, sans doute de moindre ampleur que le “Troopergate”, le quotidien new-yorkais fournit témoignages et documents officiels. Une soixantaine d’élus de l’Etat, démocrates et républicains, ont ainsi été interrogés par le New York Times qui écrit: “Tout au long de sa carrière politique, Mme Palin a cherché à se venger de ses opposants, congédiant des fonctionnaires de l’Etat qui n’étaient pas d’accord avec elle, faisant parfois l’amalgame entre ses problèmes privés et ses fonctions officielles.” La presse de l’Alaska, en 1996 déjà, affirmait dans les colonnes du Frontiersman: “Soit on est avec elle, soit on est contre elle”.
Le NYT roule assurément pour Barack Obama. Jusqu’à en faire trop et charger la mule de façon diffamatoire? Ainsi, le journal révèle qu’elle a attribué la direction des services de l’agriculture de l’Etat à une ancienne camarade de classe, Franci Havemeister qui, pour seule qualification, arguait de sa passion d’enfance pour les vaches alors qu’elle exerçait jusque-là le métier d’agent immobilier. L’amour vache en somme. Un peu gros? Peut-être. Mais l’ancienne reine de beauté, qui a assuré s’être rendue en Irak le 25 juillet 2007 alors que CNN a révélé, dimanche, qu’elle s’était contentée d’une visite au Koweït, n’en est peut-être plus à un mensonge prêt où à un geste en direction de ses amis. Fantasmagorie démocrate ou dérive d’une républicaine égarée dans le grand Nord?
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