Faced With a Crisis, Americans Are Staying Calm

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La dramatisation de la situation financière par George Bush, Barack Obama et John McCain est d’autant plus paradoxale que les Américains ne cèdent pas à la panique. Sans toutefois sous-estimer la gravité de la situation, ils considèrent que l’état de l’économie est mauvais : 55 % le pensent ; ils n’étaient que 40 % à la veille de la crise, le 14 septembre (Gallup).

Cependant, les Américains gardent leur calme : deux tiers d’entre eux se sentent “concernés, mais pas effrayés” par la situation. Quant à l’avenir, la confiance en l’économie du pays reste de mise : 66 % des habitants considèrent que l’économie n’est pas “sonnée” par la crise actuelle de Wall Street (CNN). D’autres indicateurs convergent dans ce sens. Ainsi, les Américains anticipent une hausse des cours de Bourse et des prix de l’immobilier (Opinion Dynamics). Car malgré les déboires, l’Amérique croit fondamentalement à son capitalisme.

Les citoyens américains pensent cependant que celui-ci a désormais besoin de plus de régulation et que l’absence de contrôle des institutions financières a mené à la crise. 62 % partagent cet avis, selon un sondage du Los Angeles Times. Les citoyens soutiennent le plan du gouvernement pour sauver Wall Street et les institutions financières aux deux tiers environ, soit au-delà des frontières partisanes (enquêtes du Pew Research Center ou de CNN).

UNION SACRÉE SUR UN SUJET DÉLICAT

Mais approuver le plan du gouvernement ne revient pas à soutenir George Bush. Une écrasante majorité (76 %, selon CBS-NYT) pense que le président américain gère mal l’économie. Le plan de son secrétaire d’Etat au Trésor ne suffit pas à redorer son blason.

En réalité, la question économique devient un enjeu politique qui dépasse le cadre étriqué de la campagne présidentielle ; elle met en jeu tout le système politique. Les décisions à venir concernent à la fois le pouvoir exécutif et le législatif. Le président des Etats-Unis élu le 4 novembre héritera de l’application du plan anti-crise.

Si Bush joue l’union nationale, c’est qu’il a besoin du vote des démocrates du Congrès pour faire adopter le plan de Henry Paulson en vue de sauver les institutions financières. John McCain, en interrompant sa campagne, cherche à dramatiser la situation. Il se positionne en état de “guerre” face à la crise. Barack Obama veut coller à l’air du temps en défendant la régulation. Mais pour être en accord avec sa doctrine, il doit faire cadeau au président du vote des démocrates au Congrès. A la veille des élections à la Chambre des représentants et au Sénat, c’est un pari risqué. Dans ces conditions, l’intérêt bien compris des trois acteurs est d’afficher une union sacrée sur ce sujet délicat.

POSER AVEC BUSH EST UN PIÈGE

“Structurellement”, comme disent les sondeurs américains, l’opinion penche en faveur des idées démocrates, dans le sens où la crise actuelle renforce l’idée du besoin de régulation. Mais “pratiquement”, les citoyens américains refusent de payer ce plan avec leurs impôts, toutes tendances confondues. En ce sens, ils restent attachés au “tax-cut” (réduction d’impôt) versant républicain.

Pour le sénateur Obama, qui, dans la période actuelle, a mené dans les sondages grâce à la focalisation de l’actualité sur l’économie, apparaître sur la même photo que Bush pour signer le plan de sauvetage de Wall Street, serait-ce au nom de l’intérêt supérieur de la nation, n’est pas forcément un coup gagnant. Cela ressemble même à un piège. Au dernier sondage Gallup qui suit quotidiennement la campagne, John McCain fait, pour la première fois depuis le début de la crise, jeu égal avec son concurrent.

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