Les républicains, désarçonnés par la crise financière
LE MONDE | 29.09.08 | 11h02 Mis à jour le 29.09.08 | 13h01 Réagir Classer E-mail Imprimer Partager
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Washington, correspondante
Depuis l’irruption de Sarah Palin sur la scène nationale, l’enthousiasme des républicains était revenu. John McCain avait recollé à son adversaire Barack Obama dans les sondages. Et l’état-major républicain sentait un frémissement dans les circonscriptions. Le parti se remettait à croire qu’il allait sauver sa position au Sénat et empêcher les démocrates d’y gagner les neuf sièges qui leur donneraient une super-majorité de 60 voix.
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L’effet Palin a vécu. La gouverneure de l’Alaska, promue colistière sur le ticket républicain, continue de déplacer les foules mais, chez les indépendants, elle n’a pas séduit (dans les Etats indécis, Joe Biden, colistier de Barack Obama, bénéficie d’une meilleure image qu’elle, selon les sondages). Et même chez les conservateurs, son inexpérience a fini par inquiéter. Etrillée par la presse, elle n’a donné que trois interviews télévisées, où elle cherche ses mots, apparemment terrorisée.
La crise financière, surtout, a fait l’effet d’une nouvelle douche froide sur un parti dont l’idéologie semblait déjà en bout de course : que ce soit le discours néoconservateur, sous l’effet des réalités en Irak, ou la mise en avant des “valeurs”, qui ne mobilisent plus beaucoup au-delà des chrétiens conservateurs. A cinq semaines de l’élection, le candidat démocrate s’est soudain détaché : le sondage quotidien Gallup le place en tête de 8 points; la moyenne des instituts établie par le site Realclearpolitics.com lui attribue une avance de 4,8 points.
Non seulement le spectre de la récession joue en faveur des démocrates, mais le remède choisi par l’administration Bush a placé les républicains face à un dilemme existentiel : impossible d’être favorable à un plan de sauvetage que le sénateur du Kentucky, Jim Bunning, a qualifié de “socialisme financier”. Difficile de s’y opposer, au risque de contribuer à la faillite du système.
Après leur récente révolte, les représentants républicains ont obtenu des concessions dans le plan et l’état-major a décidé, dimanche, de s’aligner, dans ce que le Weekly Standard, l’hebdomadaire néoconservateur, a appelé “une combinaison de dégoût et de nécessité”.
Combien d’entre eux vont réellement voter le plan? Certains élus se sont exprimés avec des accents d’objecteurs de conscience refusant de partir à l’armée. “La liberté économique recouvre la liberté de réussir et la liberté d’échouer. Donner au gouvernement fédéral la possibilité de nationaliser pratiquement tous les emprunts suspend cette vérité fondamentale de notre économie, a expliqué le représentant de l’Indiana, Mike Pence. Si vous êtes venus ici parce que vous croyez au gouvernement limité et au libre marché, votez en accord avec ces convictions. Le devoir est le nôtre; les résultats appartiennent à Dieu.” Le plan Paulson a souligné la crise identitaire du parti. Qui représente les républicains? Le président Bush a été défié, jeudi 25 septembre, dans l’enceinte même de la Maison Blanche, lorsque les élus de la Chambre ont proposé une alternative. Newt Gingrinch, l’ancien chef de file des reaganiens, fait campagne contre le plan. Dimanche, il a estimé qu’Henry Paulson aurait dû démissionner pour avoir demandé 700 milliards dans son projet initial sans contrôle aucun, une suggestion “non américaine”, a-t-il dit.
La crise a particulièrement placé John McCain, et l’aile des républicains “fiscalement responsables”, en porte-à-faux. Alors qu’ils continuent de prôner la poursuite des réductions d’impôts, ils se trouvent confrontés à ce qui correspond en fait à un impôt pour sauver les banques (d’un montant qui a été estimé à 2000dollars par Américain).
Le sénateur a donné son assentiment du bout des lèvres. “C’est quelque chose que nous tous aurons du mal à avaler”, a-t-il dit. Le sénateur n’a pas dit s’il viendrait voter, se réservant (comme Barack Obama d’ailleurs) la possibilité de changer d’avis au vu des détails du plan.
Alors que Barack Obama a pu se montrer entouré d’une équipe économique de poids lourds, issus de l’administration Clinton, John McCain paraît souvent assez seul. Il pâtit d’une absence de message économique, allant au-delà de la chasse aux “earmarks”, le gaspillage dans les dépenses publiques.
L’un de ses principaux gourous en matière économique est Phil Gramm, un homme qui a été, en 1999, l’un des artisans de la dérégulation, lorsqu’il était le président de la commission des affaires bancaires du Sénat. Dimanche, le sénateur s’est réclamé d’une figure nettement plus populaire. “Je suis un républicain à la manière de Teddy Roosevelt. L’Etat a un rôle à jouer”, a-t-il dit.
Corine Lesnes
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