USA: After Ultraliberalism, Dictatorship?

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Etats-Unis : après l’ultralibéralisme, la dictature ?

Le plan Paulson veut donner des pouvoirs extraordinaires à l’administration du Trésor. Pour sauver ses banques, l’Amérique perdrait-elle son âme ?

En France, tout le monde applaudit l’ambition du plan Paulson, destiné à sauver les banques grâce à l’achat par l’argent public de 700 milliards d’euros de créances « toxiques », des subprimes, mais aussi d’autres produits comme des swaps, dont actuellement personne ne veut. Formidable, se dit-on.

Quelle audace, quelle résolution, ces Américains ! Mais personne ne fait attention aux détails du projet de loi que le secrétaire au Trésor, banquier d’affaires de profession, a présenté. S’il était adopté en l’état (ce qui n’est pas sûr, grâce à la majorité démocrate au Congrès), le secrétaire d’Etat (quel qu’il soit) serait doté de pouvoirs tout à fait extraordinaires : possibilité d’embaucher qui il veut, notamment ses amis de Goldman Sachs, de passer des contrats avec des entreprises privées hors du code des marchés publics, le tout sans contrôle, puisque le texte précise que son action ne serait susceptible ni d’une commission d’enquête, ni d’une cour de justice. Une sorte de dictature, au pays de la séparation des pouvoirs et du contrôle étroit de l’exécutif par la justice et le Congrès, succéderait à la dictature des marchés.

De la dictature en Amérique

Tocqueville doit se retourner dans sa tombe ! On comprend mieux pourquoi l’administration tient à prendre des gages juridiques, si l’on sait que la somme de 700 milliards de dollars apparaît aux yeux de nombres d’économistes comme bien supérieure à ce qui est nécessaire pour dégager les banques de l’ornière.

Ce qui signifierait que le Trésor américain compterait reprendre les actifs pourris des établissements financiers sans décote ou avec une très faible décote, alors qu’aujourd’hui ils valent entre 0 et 20% de leur prix facial. Une énorme boite à scandales politico-financiers serait ainsi mise en œuvre.

Evidemment, les membres du Congrès traînent des pieds pour adopter une pareille loi et veulent négocier des amendements, alors que Paulson et Ben Bernake, le président de la Fed brandissent la menace d’un énorme krach boursier si le plan n’est pas voté très rapidement.

La réponse est maintenant dans les mains du Congrès et des deux candidats McCain et Obama, dont l’accord est nécessaire à un consensus entre républicains et démocrates, aujourd’hui inexistant. De ce qui sortira des pourparlers, on saura si la crise du capitalisme financier est enrayée.

Mais peut-être l’Amérique aura-t-elle perdu un peu de son âme.

Jeudi 25 Septembre 2008 – 16:41

Hervé Nathan

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