Depuis que la crise des subprimes – ces crédits hypothécaires acrobatiques – a éclaté aux Etats-Unis à l’été 2007, chaque mois qui passe, et désormais chaque jour, accentue davantage les secousses qui ébranlent l’économie mondiale. Partie des marchés financiers, l’onde de choc a atteint celui des matières premières, fait s’effondrer une partie du système bancaire américain et met maintenant en danger l’économie “réelle”, autrement dit la production, la croissance et l’emploi.
Aux Etats-Unis en premier lieu, mais par ricochet dans tous les pays, c’est une redoutable crise de confiance qui menace – en témoignent les doutes et le scepticisme que suscite le gigantesque plan de sauvetage bancaire annoncé par le gouvernement américain il y a quelques jours. Qui peut enrayer cette défiance ? Certainement pas, à ce stade, les principaux acteurs économiques, encore moins financiers, qui n’ont su ni mesurer ni maîtriser la folie des marchés – quand ils ne leur ont pas prêté la main.
Restent les factotums de la vie publique : les responsables politiques. Décriés, le plus souvent soupçonnés d’être des rhéteurs sans pouvoir, ils retrouvent là l’occasion de démontrer leur utilité. Mais le risque est évident. S’ils ne parlent pas, leur silence sera jugé coupable. S’ils parlent, le doute s’insinue immédiatement : quelle prise ont-ils réellement sur la crise ? George W. Bush vient de se livrer à l’exercice, sur un mode alarmiste, voire dramatique, sans craindre d’évoquer “une récession longue et douloureuse”.
Toutes proportions gardées, le défi est le même pour Nicolas Sarkozy, qui devait s’exprimer à Toulon jeudi 25 septembre : trouver les mots pour éviter que l’inquiétude ne se transforme en “panique” (dixit G. W. Bush) ; mais sans laisser croire aux Français que la crise est sous contrôle, puisque rien ne permet, pour l’heure, d’affirmer qu’elle l’est.
Bref, le président de la République doit, autant que possible, rassurer sans endormir, expliquer sans affoler, reconnaître les limites de son pouvoir sans accentuer la défiance sur sa réalité même. En sachant que l’enjeu est décisif pour les trois années à venir : contrairement à son homologue américain, il n’est pas en fin de mandat.
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