Sarah Palin: Asset or Ball and Chain?

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La numéro deux du ticket républicain, qui passe pour une cruche, est la véritable star de la campagne présidentielle. La nuit prochaine, elle passe son oral télévisuel

Incompétente, ignorante et inexpérimentée. Sarah Palin, la numéro deux du ticket républicain, ne trouve pas grâce aux yeux des commentateurs de la vie politique américaine. Un boulet pour le candidat à la présidentielle John McCain? Pas forcément! Certains estiment qu’elle pourrait même représenter un atout. Premier élément de réponse la nuit prochaine: un débat télévisé l’opposera au colistier de Barack Obama, Joe Biden.

La journaliste Myriam Meuwly n’a pas besoin de ce débat pour se forger une opinion. «L’effet de surprise Palin est en train de retomber. Fin septembre, personne ne la connaissait. Elle a séduit par son charisme. On aurait eu envie de boire un café avec elle. Mais, lorsqu’elle a commencé à donner des interviews, on a constaté qu’elle était lamentable. Palin, c’est la chance… d’Obama. McCain insulte les femmes et les électeurs en présentant une candidate de gabarit aussi faible.»

maigre carte de visite

Editorialiste du journal canadien La Presse, Alain Dubuc surenchérit: «Sarah Palin, 44 ans, fait désormais peur. Les Américains ont compris qu’en cas de décès de McCain, 72 ans, elle deviendrait présidente!» Une présidente potentielle dont la carte de visite fait peine à voir – ancienne reine de beauté, maire d’une petite ville de 7000 habitants, gouverneur de l’Alaska – et qui accumule les boulettes. Elle se croit par exemple experte de la Russie simplement parce que c’est le pays le plus proche de sa maison!

«Attention, rétorque Xavier Comtesse, directeur romand de l’institution de réflexion Avenir Suisse. L’incompétence, on s’en fout. Aux Etats-Unis, ce qui compte, c’est de ne pas mentir. Et Sarah Palin assume tout.» Alain Dubuc va jusqu’à dire que «l’ignorance de Palin rassure les Américains. C’est le mythe du chauffeur de taxi qui détient la vérité. Et le culte des gens relativement médiocres. On se méfie des gens qui ont une formation et qui sont cultivés. On préfère ceux qui sont comme nous.»

Et, comme le dit le politologue de l’Institut des hautes études internationales et du développement de Genève Daniel Warner, «Sarah Palin correspond à l’Amérique profonde. Elle vient d’un petit village de campagne, n’a pas une grande éducation et n’a pas beaucoup d’argent. Son mari pêche, elle a cinq enfants, dont certains rencontrent des problèmes. Elle est contre l’élite de Washington, symbolisée par le ticket Obama-Biden.»

Elle séduit les cow-boys

Sarah Palin présente un autre atout: c’est une femme! «Obama a tendu une perche à McCain en laissant Hillary Clinton sur la touche, affirme l’ancienne conseillère nationale Barbara Polla. Le républicain en profite: ça fait joli d’avoir une femme. Surtout quand elle est capable de séduire les cow-boys en étant à la fois soumise à McCain d’un point de vue politique, et aussi indépendante de dire et de commettre des bêtises qui la rendent d’autant plus sympathique.»

Sarah Palin, atout ou handicap, les avis sont partagés. Le débat de cette nuit pourrait donc avoir son importance. «Le niveau ne sera pas très élevé», pronostique Daniel Warner. Correspondant de la TSR aux Etats-Unis, Sébastien Faure ajoute que «Joe Biden, bien plus expérimenté, ne devra pas taper trop fort. Autrement, il passera pour un méchant. Et ce sera tout bénéfice pour la jeune mère de famille parfaite.»

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