SARAH PALIN tente un coup bas, « immoral », envers Obama. Les Républicains prêts à tout plutôt que de dévisser.
Selon l’arithmétique, le dernier mois de campagne s’annonce on ne peut plus confortable pour le candidat démocrate Barack Obama : la moyenne des intentions de vote qu’il capte était samedi de 49,3 %, contre 43,4 % à son rival républicain John McCain.
Un coup de sonde moins conventionnel, réalisé dans le cyberespace, confirme cette domination : sur MySpace, les partisans d’Obama dominent 45 des 50 Etats de l’Union américaine ; sur Facebook, Obama compte 1,9 million de partisans (contre 550.000 pour McCain), et les vidéos d’Obama postées sur YouTube ont été visionnées à 16,6 millions de reprises, contre dix fois moins pour son rival.
L’engouement pour le jeune sénateur de Chicago semble même avoir un impact positif sur le processus démocratique américain : alors que, ces trente dernières années, le taux de participation à la présidentielle américaine oscillait entre 54 et 61 % des citoyens en âge de voter, certains experts comme Doug Chapin, du centre de recherche Pew, s’attendent à une participation de 80 voire 90 % dans certains Etats. En pratique, si les Etats-Unis comptaient en 2006 201 millions d’électeurs potentiels et si la participation effective était en 2004 de 126 millions d’électeurs (soit un très beau 63,8 %), les analystes s’attendent cette fois à voir crever le plafond record de 130 millions d’électeurs.
Dans certains Etats, la nature même de l’électorat est en train de se transformer : ainsi en Virginie (est), traditionnellement républicaine, 250.000 nouveaux électeurs ont été détectés, et les sondages sont favorables au candidat démocrate.
Puisqu’il ne peut résister à une vague de cette ampleur sans un minimum de stratégie, le candidat républicain se concentre sur l’essentiel. Sa perte de popularité est telle dans le Michigan (nord-est) qu’il ne peut remonter la pente ? Il jette l’éponge, sans état d’âme. Alors qu’il est à la traîne dans une dizaine d’Etats (Colorado, Floride, Indiana, Iowa, Missouri, Nouveau-Mexique, Nevada, Caroline du Nord, Ohio et désormais la Virginie), il concentre ses efforts sur les seuls cinq Etats que le démocrate John Kerry avait remporté en 2004 : Pennsylvanie, Wisconsin, Minnesota, New Hampshire et Maine.
C’est mardi soir, à Nashville, que se déroulera le deuxième débat télévisé opposant directement les candidats. Puisque la crise économique s’est imposée dans le débat et a plombé la campagne républicaine, tout sera désormais mis en uvre par les partisans de McCain pour divertir l’attention des électeurs, fût-ce de manière agressive. Alors qu’Obama parle de l’accès généralisé à la couverture santé et souhaite supprimer la réduction d’impôts accordée par le président Bush aux revenus de plus de 181.000 euros par an, la colistière républicaine Sarah Palin, elle, a lu son New York Times de travers et s’est permise samedi d’accuser Obama de « copiner avec les terroristes ». Dans un article du jour même consacré à l’ancien activiste et terroriste Bill Ayers devenu professeur à Chicago, le journal new-yorkais affirmait en fait presque l’inverse de ce qu’a affirmé Palin : Ayers et Obama « n’ont pas été proches. Et Obama n’a jamais exprimé de sympathie pour les vues radicales et les actions de M. Ayers », écrivait samedi le Times.
L’avantage de ce coup mal porté était de sortir d’un débat économique et financier dangereux pour les Républicains. Et pour Mme Palin, de faire oublier une autre révélation gênante : alors qu’elle a affirmé à plusieurs reprises savoir ce que sont des fins de mois difficiles, elle n’a pu contester avoir gagné respectivement 166.495 et 196.531 dollars brut en 2006 et 2007. Soit un revenu mensuel moyen de quelque 10.350 euros brut par mois. Ceci sans compter les revenus du couple, leurs propriétés immeubles, leurs huit fonds d’investissements et trois fonds de retraite.
Evoquant les déclarations de Palin à propos des « amis terroristes » d’Obama, la sénatrice du Missouri, Claire McCaskill, a parlé d’« attaques malhonnêtes et immorales », « ridicule ». Mais tel sera le ton de la dernière ligne droite électorale.
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