Face à Biden, Palin évite les gaffes
Même si la candidate républicaine a passé avec succès le test du débat télévisé, selon un sondage effectué à chaud par CNN, 51% des téléspectateurs donnent le colistier d’Obama vainqueur.
Sarah Palin est parvenue à éviter les gaffes hier soir, dans le débat qui l’opposait à Joe Biden. Elle a néanmoins esquivé de nombreuses questions qui lui étaient posées par la modératrice de cet unique débat entre les deux candidats à la vice-présidence.
Dans ce duel mou qui est resté très courtois, la gouverneure de l’Alaska s’est souvent contentée de réciter mécaniquement les formules du programme républicain, insistant sans cesse sur la baisse des impôts proposée par McCain, et sur ses propres compétences supposées dans le domaine de la politique énergétique.
Contrairement à l’interview qu’elle a donné la semaines passée à Katie Couric de la chaîne CBS, dans laquelle elle s’était montrée plus qu’hésitante lorsque la journaliste revenait à la charge, elle n’a pas eu à s’inquiéter des relances de la modératrice du débat, qui n’était pas autorisée à reposer les questions auxquelles la candidate se dérobait. «Sarah Palin menaçait de devenir un fardeau pour (le candidat républicain) John McCain, elle est parvenue au cours du débat à effacer cette impression. Mais ça ne change pas pour autant la dynamique des présidentielles, qui est en faveur d’Obama», estime l’analyste David Gergen.
Très à l’aise, Joe Biden, le co-listier de Barack Obama, a accusé John McCain de ne pas être en prise sur la réalité économique, tout en le présentant comme une copie conforme du président sortant George W. Bush. Il reconnu que l’adoption éventuelle du plan de sauvetage financier de 700 milliards de dollars (470 milliards d’euros) pourrait contraindre une administration démocrate à renoncer à doubler l’aide extérieure, comme l’avait promis Obama. Palin, pour sa part, a assuré que McCain «tiendra toutes ses promesses» malgré l’augmentation du déficit national.
Les responsables de la crise financière sont, selon Palin, «la corruption et la cupidité». «Les “joe-six-packs” et les “hockey moms” doivent dire plus jamais ça aux chefs de Wall Street», a-t-elle lancé en faisant référence aux Américains de la classe moyenne qui boivent d’un coup six canettes de bière et qui s’affairent aux tâches quotidiennes.
Le projet démocrate de retirer les troupes de combat américaines d’Irak en 16 mois, a-t-elle accusé, revient à agiter le «drapeau blanc de la reddition». Les deux candidats à la vice présidence ont, chacun, un fils dans l’armée américaine en Irak. «Moi, j’ai toujours été fière de mon pays», a glissé Palin: un sarcasme faisant indirectement référence à une déclaration malheureuse de Michelle Obama, qui s’était dite «vraiment fière de son pays pour la première fois» lorsque son mari avait emporté les primaires.
Selon un sondage effectué à chaud par CNN, 51% des téléspectateurs donnent Biden vainqueur du débat, contre 36% à Palin. Pour 84% des personnes interrogées, Palin a été «meilleure» qu’elles ne l’anticipaient. Et 46% la jugent «qualifiée pour être présidente», contre 42% avant le débat. Un résultat qui diffère considérablement d’un sondage du Washington Post publié la veille. Il montrait que le choix de la jeune gouverneure sur le «ticket» McCain était désormais devenu un fardeau plus qu’un atout.
Même dans le camp républicain, 30% des sondés estimaient que Palin n’a pas l’expérience indispensable pour être présidente s’il devait arriver malheur à McCain. Le co-listier démocrate «Joe Biden défendait Obama, tandis Sarah Palin n’avait qu’elle même à défendre», note un commentateur en reconnaissant malgré tout à celle-ci «d’avoir passé le test».
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.