Fleeting Glory for Debate Hero "Joe the Plumber"

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La gloire éphémère de “Joe le plombier”, héros du débat McCain-Obama

LE MONDE | 17.10.08 | 09h38 • Mis à jour le 17.10.08 | 10h26 Réagir (10) Classer E-mail Imprimer Partager

Au lendemain de son troisième et dernier débat contre Barack Obama, John McCain a donné son opinion sur la rencontre. “J’ai trouvé que j’ai été plutôt bon hier soir, a-t-il dit jeudi 16 octobre, lors d’un rassemblement en Pennsylvanie. Mais parlons vrai : le vrai vainqueur a été Joe le plombier.” Aussitôt son équipe de campagne a diffusé une nouvelle publicité Internet, à la gloire du héros du jour : Joe Wurzelbacher, 34 ans, plombier à Holland, dans l’Ohio.

A dix-neuf jours de l’élection, les républicains exultaient d’avoir trouvé une nouvelle figure de l’Amérique moyenne à opposer à Barack Obama. Joe le plombier a une carrure de footballeur et une maison de banlieue des plus modestes, où il élève son fils. Quand le candidat démocrate est passé faire du porte-à-porte dans son quartier, le 12 octobre, il l’a interpellé. “Je me prépare à acheter une compagnie qui fait entre 250 000 et 280 000 dollars par an, a-t-il dit. Avec votre plan, je vais payer plus d’impôts, c’est cela ?”

Il s’est ensuivi un dialogue sur les mesures fiscales prônées par M. Obama, au cours duquel le sénateur de l’Illinois a prononcé une phase qui, par ces temps de recapitalisation des banques, paraît bien anodine, mais qui a sonné comme un brûlot marxiste aux oreilles des républicains. “Je pense que quand on répartit la richesse, c’est bon pour tout le monde.” Répartir? Les républicains ont largement diffusé les extraits du dialogue et pendant le débat de mercredi, John McCain s’est emparé du cas du plombier de l’Ohio pour montrer à quel point le programme démocrate mettait en danger “le rêve américain”. Barack Obama a répondu et le nom de “Joe le plombier” est revenu 23 fois en quatre-vingt-dix minutes.

ARRIÉRÉ D’IMPÔTS ET IMPAYÉS

Aussitôt, le téléphone s’est mis à sonner chez Joe Wurzelbacher. Et dès le matin, il intervenait en direct dans les journaux. Il a refusé de dire qu’il votait pour John McCain mais ses réponses n’ont pas laissé beaucoup d’ambiguïté. “C’est une vision incroyablement socialiste, a-t-il dit, en parlant du fait que les hauts revenus paieraient 3 % de plus dans le plan de Barack Obama. Franchement pourquoi serait-on pénalisé parce qu’on réussit ?” A ce stade, les camions satellites de la presse avaient débarqué devant la maison du plombier. Dans tout le pays, les titulaires du prénom “Joe” ont commencé à se sentir embarrassés, d’autant que Sarah Palin avait déjà assuré la publicité des “Joe six-pack” de l’Amérique profonde (une référence aux packs de bière). La presse a passé à la question les responsables locaux. La section 50 du syndicat des plombiers a révélé que Joe n’avait pas de licence pour exercer. Le greffier adjoint du tribunal du comté a indiqué qu’il avait un arriéré d’impôts de 1 182 dollars, et une note impayée de 1 261 dollars à l’hôpital local.

Il s’est enfin trouvé que Joe s’appelait en fait Samuel Joseph Wurzelbacher et que ses impôts baisseraient plutôt grâce à Barack Obama… John McCain, lui-même, a fini par se moquer. Intervenant au gala de charité de l’archevêché catholique de New York – aux côtés de Barack Obama –, le sénateur républicain a annoncé qu’il avait licencié tout son staff et décidé de le remplacer par Joe le plombier.

Corine Lesnes

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