Bush's Legacy Crushes Mr. McCain Around the World

edited by Sonia Mladin

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La grande popularité du candidat démocrate à la Maison Blanche, Barack Obama, dans le monde n’est pas une nouveauté. En revanche, le degré d’aversion que suscite son adversaire républicain, John McCain, en est une. Dans une enquête d’opinion sur la perception des Etats-Unis et les enjeux de l’élection présidentielle américaine, réalisée simultanément dans huit pays (Belgique, Canada, France, Grande-Bretagne, Japon, Mexique, Pologne et Suisse), et que Le Monde publie en partenariat avec sept autres journaux, le candidat républicain serait écarté de façon systématique si les personnes interrogées votaient demain.

Aucun des pays consultés, d’après les sondages, n’accorde plus de 26 % de ses suffrages à John McCain. La France apparaît comme le pays où le candidat républicain inspire le plus fort sentiment de rejet dans l’opinion publique. Avec 5 % des voix, selon l’étude réalisée dans l’Hexagone par TNS Sofres/Logica les 8 et 9 octobre, le sénateur de l’Arizona recueille son plus mauvais résultat, quelles que soient les couches de la population et les sensibilités politiques. La Suisse et la Belgique suivent avec 7 % et 8 %. Au Mexique et au Canada, deux pays frontaliers des Etats-Unis, M. McCain plafonne à 13 % et 14 %. Les Britanniques, alliés les plus fidèles de l’actuelle administration républicaine, portent l’estocade avec un humiliant 15 %.

Hormis en Pologne et au Mexique, M. McCain est considéré comme “un mauvais” ou “un très mauvais” président possible par une majorité des opinions publiques. A la même question, le candidat démocrate domine une nouvelle fois très largement son rival. Le sénateur de l’Illinois serait “un bon” ou “un très bon” président pour l’écrasante majorité des sondés, tous pays confondus.

Ce rejet de John McCain semble prendre son origine dans l’image de va-t-en-guerre qu’il cultive depuis des mois, sinon des années. Poursuite de la guerre en Irak, escalade militaire en Afghanistan, bombardement éventuel de l’Iran : les propos belliqueux du candidat républicain ne passent pas auprès de l’opinion publique mondiale. Son programme et le type de leadership qu’il entend exercer sont largement perçus comme un facteur de risque.

Le verdict des sondages sur la présence des troupes américaines en Irak est sans appel. Entre 73 % et 88 % des personnes interrogées souhaitent voir le prochain président américain retirer les forces armées de la région. Une majorité exige un départ imminent, dès l’année prochaine.

Plus intéressant encore, le candidat républicain a totalement échoué à démarquer sa campagne électorale de la politique menée pendant huit ans par George Bush. A travers John McCain, c’est tout le bilan du président sortant qui est décrié. Une très large majorité des personnes interrogées – à l’exception de la Pologne – ont une mauvaise opinion des Etats-Unis depuis l’arrivée au pouvoir de M. Bush en 2001 : 86 % des sondés suisses ; 77 % des canadiens ; 75 % des français et 67 % des britanniques. Dans ces chiffres, on retrouve pratiquement, dans presque tous les pays, les scores réalisés par le candidat Barack Obama contre John McCain.

Mais si ce désaveu des années Bush est unanime, il ne semble pas remettre en question l’amitié des pays pour l’Amérique, comme l’avait déjà soulignée une enquête similaire réalisée en 2004.

De fait, les relations qu’ils entretiennent avec les Etats-Unis sont perçues, de façon très réaliste, comme celles d’une entente cordiale mâtinée d’une neutralité nécessaire. Seuls 28 % des Mexicains évoquent une tension entre leur pays et le grand voisin du Nord. Ils sont 25 % en France.

Quelle est la superpuissance mondiale d’aujourd’hui ? Cette question ne figure pas dans les sondages réalisés, mais a été posée par la Sofres en France et le quotidien Gazeta Wyborcza en Pologne. Dans l’enquête polonaise, les Etats-Unis arrivent en tête, avec 46 % de votes favorables, suivis par la Chine, 32 %. Un ordre qui s’inverse en France, où 49 % des personnes interrogées estiment que la Chine est devenue la grande puissance du moment, loin devant les Etats-Unis, qui ne recueillent que 34 %.

Mais cette différence s’estompe lorsqu’il s’agit d’établir un pronostic pour les vingt ans à venir. Les Polonais et les Français interrogés pensent que la Chine sera la superpuissance de demain, remplaçant définitivement les Etats-Unis. Une bien mauvaise nouvelle pour le prochain locataire de la Maison Blanche.

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