Why Obama?

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Pourquoi Obama

LE MONDE | 03.11.08 | 13h40 • Mis à jour le 03.11.08 | 14h04 Réagir (9) Classer E-mail Imprimer Partager

Le président que les Américains doivent élire mardi 4 novembre héritera d’un désastre. Huit ans d’administration Bush ont laissé le pays dans un piteux état. A l’extérieur, l’Amérique est plus mal aimée qu’elle ne l’a jamais été : empêtrée dans deux guerres, Irak et Afghanistan, dont on ne voit pas la fin, elle est en mal de crédit moral et politique. A l’intérieur, les Etats-Unis paient au prix fort les ravages d’un libéralisme financier qui a culminé avec la présidence de George W. Bush et se solde par une crise économique majeure. Et si l’Etat-providence a régressé, l’Etat surveillant a, lui, progressé : au nom de la lutte contre le terrorisme, les libertés publiques ont enregistré un recul sans précédent.

Il n’y a pas d’homme providentiel qui puisse réparer pareille situation en quatre ans. Mais, pour amorcer le redressement, le démocrate Barack Obama nous paraît beaucoup mieux placé que le républicain John McCain. Plusieurs raisons à cela. La première tient à l’humeur du pays : l’arrivée d’un Métis de 47 ans à la Maison Blanche serait un signe de confiance de l’Amérique en elle-même, en ses valeurs les plus hautes, en sa capacité à surmonter le drame majeur de son passé – le racisme et l’esclavage. Ce serait déjà beaucoup, et tiendrait lieu d’exemple bien au-delà des Etats-Unis.

Mais il y a plus. A l’intérieur, Barack Obama défend le programme le mieux adapté à la crise de l’économie américaine : renouveau du rôle régulateur de l’Etat ; politique fiscale de nature à combattre une société de plus en plus inégalitaire ; désir de doter les Américains d’une couverture médicale digne de la richesse du pays ; conscience environnementale, enfin, là où l’équipe Bush se refusait à toute remise en cause d’un modèle de consommation. A l’extérieur, un président démocrate ne fera pas de miracle. Mais un Barack Hussein Obama, par sa seule personnalité, serait beaucoup plus en phase avec un monde dont l’Occident n’est plus le centre économique et politique – un monde plus métissé.

En face, John McCain, homme d’expérience longtemps centriste, n’a cessé de se droitiser. Il a fini par défendre ce que le Parti républicain a de plus ultra. Il n’imagine de vaincre qu’en divisant les Américains. Il représente la continuité, quand M. Obama, moins expérimenté, incarne l’espoir.

Article paru dans l’édition du 04.11.08.

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