One American Out of Three Voted Before the Elections

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Un Américain sur trois a déjà voté pour les élections américaines

Des dispositifs de vote anticipé, destinés à limiter l’abstention, font que de très nombreux Américains se sont déjà prononcés. Ce système pourrait profiter au candidat démocrate, toujours en tête dans les sondages

Jerry a voté, et il veut que cela se sache. Quand il sort samedi de l’immeuble des services du comté d’Arlington (Virginie), en banlieue de Washington, il brandit le poing et sort de son blouson son écharpe bardée de badges pro-Obama.

Pour l’occasion, Jerry a épinglé sur sa poitrine une médaille militaire gagnée par son père, officier de carrière dans les années 1950 et 1960 : « Parce qu’il aurait voté pour Barack Obama, et parce que mes valeurs et celles d’Obama sont celles que mon père m’a inculquées », lâche-t-il, enthousiaste.

Jerry aime les symboles : s’il a voté ce week-end, c’est parce qu’une amie noire est décédée ce matin. « Initialement, je pensais voter mardi, explique-t-il. Mais comme j’ai perdu cette proche, j’ai pensé que je devais voter aujourd’hui, pour lui rendre hommage. »

En Virginie, le vote a commencé dès le 22 septembre

En Virginie comme dans une trentaine d’États, les Américains peuvent se rendre aux urnes depuis plusieurs semaines déjà. Les modalités du scrutin sont définies par chaque État et, anticipant une participation record – on parle de plus de 130 millions d’électeurs cette année, contre 122 millions en 2004 et 105 millions en 2000 –, les initiatives permettant d’étaler le vote se sont multipliées afin de limiter, si possible, les problèmes le jour J. Il s’agit aussi d’encourager le civisme des Américains, surtout de ceux qui ne pourraient pas s’absenter de leur travail demain.

En Virginie, le vote a commencé dès le 22 septembre, une première dans cet État. Ne peuvent voter que ceux qui seront absents ce 4 novembre. Les électeurs doivent se rendre dans les locaux de l’administration du comté. Mais pas besoin de justifier quoi que ce soit : il suffit de cocher l’une des cases « études », « travail » ou « vacances ».

Plus il y aura d’électeurs, plus fortes seront les chances d’Obama

Tout est fait pour simplifier la tâche électorale, dans une bonne ambiance évidente : le jour de Halloween, le personnel chargé des opérations était déguisé en pacifistes, bandeaux dans les cheveux et symboles « peace and love » en pendentifs…

Et ça marche, à en juger par les files d’attente. Jerry a dû patienter deux heures. Idem pour Jennifer, qui a confié à son mari leur nouveau-né pour aller voter. « Ces derniers jours, cela n’a pas cessé d’augmenter, explique Kendall, qui guide les électeurs. Près de 2 000 personnes par jour sont venues, contre une centaine les premiers jours. »

Au total, les experts estiment que près d’un Américain sur trois aura voté dès ce soir, donc avant même l’Election Day. Les spéculations vont déjà bon train. Chez les démocrates, on se frotte les mains : de l’avis général, plus il y aura d’électeurs, plus fortes seront les chances du candidat démocrate, la vague Obama ayant porté de nombreux nouveaux électeurs sur les listes.

Une avance de 200 000 inscrits démocrates ayant voté

Or, traditionnellement, les nouveaux inscrits votent encore moins que les autres… Mais « pas cette fois-ci », affirme-t-on au QG démocrate de Chicago, chiffres du vote anticipé à l’appui. D’autant qu’une analyse plus précise fait ressortir un entrain plus net à gauche.

Lorsqu’ils s’inscrivent sur les listes électorales, les Américains doivent en effet se déclarer « démocrate », « indépendant » ou « républicain », ce qui leur permettra ultérieurement de participer aux primaires.

Ces données publiques permettent déjà de savoir qu’en Floride, par exemple, les personnes enregistrées comme démocrates sont plus nombreuses que les républicains à avoir voté, selon les dernières données, ce week-end. Une avance de 200 000 inscrits qui réjouit les démocrates.

La campagne se mène pour l’essentiel dans l’Amérique “rouge”

Côté John McCain, on conteste ces analyses partielles, préférant insister sur les derniers sondages, qui indiquent que la course se resserre, notamment dans certains États clés. Ainsi en Virginie, l’avance de Barack Obama est passée de huit points à six ces derniers jours (voir les derniers sondages de l’élection américaine).

Les républicains affirment que les indécis se rangeront finalement en majorité dans leur camp, en raison de leur profil – en majorité des habitants de l’Amérique rurale, anciens électeurs de George W. Bush.

Bref, chacun se veut confiant. Les candidats continuent de sillonner les États jugés décisifs : la campagne se mène pour l’essentiel dans l’Amérique « rouge », celle des républicains. Barack Obama comme John McCain multiplient donc les étapes en Virginie, dans l’Ohio, en Iowa, dans le Colorado ou le Missouri, États glanés par George W. Bush en 2004 mais qu’une forte mobilisation des Noirs et des jeunes pourrait faire basculer.

Un signe de plus que le candidat républicain a renoncé à conquérir des États démocrates (sauf la Pennsylvanie) et qu’il est sur la défensive. Sa stratégie consiste désormais à enrayer la poussée Obama en terre conservatrice et à lui souffler la Pennsylvanie pour compenser ses pertes. Un scénario aux allures de jeu d’échecs.

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