A Very American Company

Proofed by Robin Koerner

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Oligarchie : régime politique dans lequel la souveraineté appartient à un petit groupe de personnes, à une classe restreinte et privilégiée. Le mot a été remis au goût du jour pour définir le capitalisme de Cosaques qui a fait main basse sur la Russie depuis quelques années. Mais, au fond, les amis de Vladimir Poutine ne se sont-ils pas directement inspirés du modèle américain ?

L’enquête que nous publions aujourd’hui sur Goldman Sachs (pages 18-19) invite à le penser. Elle met en effet en lumière les relations très étroites, presque incestueuses, qui unissent la banque la plus puissante du monde et le pouvoir politique de la première puissance mondiale.

Ainsi, le secrétaire au Trésor n’est autre que l’ancien patron de Goldman Sachs, Henry Paulson. Ses principaux collaborateurs sont, pour la plupart, issus de “GS”, à commencer par Neel Kashkari, responsable du gigantesque plan de sauvetage des banques mis en place depuis un mois pour endiguer la crise financière. Et la liste est longue, depuis le président du conseil d’administration de la Fed, la banque centrale américaine, jusqu’à celui de la Banque mondiale.

Certes, ces relations consanguines entre Wall Street et Washington, entre la banque et les cercles du pouvoir, sont aussi anciennes que le capitalisme américain. Certes encore, si les anciens de Goldman Sachs sont si souvent choisis pour occuper des postes névralgiques, c’est tout simplement, plaident-ils, qu’ils sont les meilleurs, moines-soldats de la finance hier, du service public aujourd’hui.

Il n’empêche. Aux Etats-Unis même, et pas seulement chez les concurrents envieux, cette omniprésence des anciens de “GS” suscite l’inquiétude. A juste titre. Comment expliquer autrement que la banque, au coeur de la spéculation folle des dernières années, ait si aisément tiré son épingle du jeu dans la tourmente actuelle ? Comment écarter le soupçon de conflit d’intérêts, dès lors qu’elle est, plus que jamais, juge et partie ? Ajoutons qu’une éventuelle accession de Barack Obama à la Maison Blanche n’y changerait probablement pas grand-chose : les principaux noms cités pour succéder à M. Paulson au Trésor sont, on l’aura compris, ceux de banquiers de Goldman Sachs !

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