One Big Thing

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L’ambassadeur américain en Suède ne jure que par les énergies alternatives

LE MONDE | 17.11.08 | 14h05 • Mis à jour le 17.11.08 | 14h05 Réagir (1)

“One big thing.” Le concept a un côté Big Mac, et, de fait, c’est américain. Depuis son arrivée à Stockholm il y a deux ans en tant qu’ambassadeur des Etats-Unis, Michael Wood a concentré toute l’activité de son ambassade sur un seul objectif : identifier les entreprises suédoises innovantes dans le domaine des énergies alternatives – la Suède est en pointe dans ce domaine – et les mettre en rapport avec des investisseurs américains.

“Les employés de l’ambassade le savent : je ne me déplace que si cela a un lien avec cet objectif, je ne prononce un discours que si je peux parler de ça.” Les dents grincent dans les rangs des diplomates de carrière, certains estimant que l’ambassadeur, ancien homme d’affaires, se prépare une belle reconversion. Lui n’en a cure.

Parachuté à Stockholm en tant qu’ami personnel de George Bush – ils étaient à l’école ensemble -, Michael Wood s’est retrouvé diplomate à une époque où les Etats-Unis devaient redorer leur blason en Europe. En nommant des amis de longue date dans plusieurs capitales, Washington indiquait que ces ambassadeurs auraient l’oreille du président.

TROIS PROJETS

Durant six mois, Michael Wood consulte pour savoir quoi faire. Il en ressort une liste de cinquante idées, qu’il réduit progressivement pour enfin suggérer à son ami le président trois projets : faire rentrer la Suède dans l’OTAN, promouvoir avec l’aide de la Suède la démocratie dans l’ex-URSS ou développer les énergies alternatives. La Suède dans l’OTAN ? Les Suédois n’iront jamais, affirme le président. Promouvoir la démocratie à l’Est ? “Il n’était pas sûr que nous ayons la même conception de la démocratie en Suède et aux Etats-Unis”, élude très diplomatiquement Michael Wood.

Restait le changement climatique et les énergies alternatives. Michael Wood, en bon ami, tente de convaincre que le président Bush est sincèrement concerné par ces questions.

Les Suédois ont montré plus de scepticisme au départ. Mais c’est ainsi qu’est né le concept de “one big thing”, qui a servi de modèle à d’autres ambassades américaines depuis.

En octobre, l’ambassade a publié sa quatrième liste d’entreprises suédoises innovantes, elles sont 52. Des investissements sont déjà en cours, dans le domaine du fuel pour les avions, du gaz bio, des résidus de fibres de bois ou du diesel bio. Des usines sont en train d’ouvrir aux Etats-Unis.

Michael Wood rendra son tablier le 20 janvier, lorsque le président Bush quittera la Maison Blanche. Et, crise oblige, il sait que son successeur aura vraisemblablement plus de mal à lever des fonds.

Olivier Truc

Article paru dans l’édition du 18.11.08.

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