Obama Discreet Until January 20th

Edited by Louis Standish

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Obama, discret jusqu’au 20 janvier

stéphanie fontenoy

Mis en ligne le 12/11/2008

Le compte à rebours de la présidence de Bush est enclenché. L’équipe d’Obama annonce qu’il annulera plusieurs décrets présidentiels dès son arrivée au pouvoir. Obama se retire à Chicago pour préparer sa présidence.

Il y a quatre ans, invité à la Maison-Blanche comme tous les nouveaux élus du Congrès, Barack Obama, affamé, avait préféré le buffet à la photo avec George W.Bush. En fin de séance, le Président avait fait signe au jeune sénateur de l’Illinois. “Venez ici une seconde”, avait dit l’hôte des lieux. “Vous savez, j’espère que cela ne vous dérange pas que je vous donne un petit conseil.” “Pas du tout M.le Président”, avait répondu le nouveau sénateur, auréolé par son discours prophétique deux mois plus tôt à la Convention nationale démocrate. “Vous avez un futur brillant, très brillant. Mais je suis dans cette ville depuis un moment déjà, et laissez-moi vous dire, ça peut être rude. Tout le monde va attendre que vous fassiez un faux pas, vous voyez ce que je veux dire, alors faites attention à vous”, avait averti le Président.

Un an et demi plus tard, en mars2006, à un dîner entre journalistes et élus de Washington, George W.Bush avait encore une fois épinglé l’étoile montante démocrate: “Sénateur Obama. J’aimerais pouvoir blaguer à votre sujet”, avait dit le Président devant l’audience. “Mais faire une blague sur vous, c’est comme faire une blague sur le Pape. Donnez-moi de la matière sur laquelle travailler. Laissez votre langue fourcher”, avait plaisanté Bush junior.

L’humeur était moins légère lundi quand les deux hommes se sont retrouvés à la Maison-Blanche pour le fameux rituel de passage entre le Président sortant et son successeur. Même si la rencontre avait été orchestrée pour présenter l’image d’une transition efficace et ordonnée, elle n’a pas réussi à faire oublier une longue campagne électorale, ressemblant, côté démocrate, à une révocation de huit ans “d’échecs” de l’administration Bush. Laissant à leur épouse la visite des appartements privés (33 pièces) aux 1er et 2e étages de la Maison-Blanche, George W.Bush et Barack Obama se sont isolés pendant une heure et cinq minutes, sans conseillers ni secrétaires, pour prendre des notes.

En 2006, dans son ouvrage “L’audace d’espérer”, M.Obama décrivait l’hôte de la Maison-Blanche, qu’il avait alors rencontré trois fois, comme “le genre de gars qui est de bonne compagnie aussi longtemps que la conversation se limite au sport et aux enfants”. Le Républicain et le Démocrate n’ont pas eu ce loisir, la crise économique et financière et les défis sécuritaires absorbant tout leur temps. Barack Obama a plaidé pour un second “stimulus” économique à destination des citoyens américains.

Des mesures pourraient être soumise au Congrès rapidement, mais George W.Bush a toujours la possibilité d’y mettre son veto. Ce dernier a fait savoir qu’il pourrait donner son appui à des mesures économiques à condition que M.Obama et les parlementaires démocrates renoncent à leur opposition à l’accord de libre-échange avec la Colombie, qu’il a promis au président Alvaro Uribe. Les Démocrates ne semblent pas prêts à faire cette concession.

Autre signe de la rupture, le chef de l’équipe de transition de Barack Obama, John Podesta, a fait savoir que le président élu annulerait plusieurs décrets présidentiels dès sa prise de pouvoir le 20janvier prochain. Ainsi, il reviendra sur les restrictions au financement public de la recherche sur les cellules souches, modifiera les techniques d’interrogations des détenus, repoussera l’échéance de nouveaux plans de forages pétroliers et gaziers au large des côtes américaines et débloquera les crédits pour le planning familial international, suspendus par George Bush au tout premier jour de sa présidence, en janvier2001.

D’ici là, le président élu se fera discret, le temps de se préparer à revenir “avec de bonnes, solides et judicieuses options”. Bien qu’il y ait été invité, M.Obama n’assistera pas, samedi à Washington, au sommet du G20 consacré à la refondation du système financier international.

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