Le 20 janvier, George Bush laissera les rênes des Etats-Unis à Barack Obama. Lundi, au cours d’un long entretien accordé à la chaîne américaine ABC, le président américain est revenu sur ses huit ans passés à la Maison blanche. L’occasion pour lui d’exprimer des regrets, à propos d’une économie nationale en crise, mais aussi et surtout au sujet du fiasco irakien.
Dans moins de deux mois, George Bush abandonnera ses huit années de mandat aux griffes de l’Histoire. Elle se révèlera sans nul doute impitoyable, quoi qu’en dise le président américain. Lundi, face au journaliste de la chaîne ABC, Charlie Gibson, l’actuel locataire de la Maison blanche a expliqué, malgré des records d’impopularité, qu’il quittera ses fonctions, le 20 janvier prochain, “la tête haute”. Au coin du feu, confortablement installé dans un large canapé marron, le chef de l’Etat américain, alternant moments de gravité et passages plus détendus, a tenté de sauver les apparences, se disant notamment fier de ne pas avoir “vendu son âme à la politique, (et d’avoir dû) prendre des décisions difficiles (…) en s’en tenant à des principes”. La greffe aura toutefois du mal à prendre. George Bush sait qu’il abandonne à Barack Obama un pays à la fois en crise et en guerre. Une situation à laquelle il n’est bien évidemment pas étranger. Lui-même en convient.
“Le fiasco du renseignement en Irak”
“Je suis désolé de ce qui se passe”, a-t-il concédé à ses concitoyens au sujet du marasme économique actuel, et ce, au moment où le Bureau national de la recherche économique annonçait que l’économie américaine était entrée en récession dès décembre 2007. Mais son principal regret, Bush le situe sur un autre font, celui de l’Irak, où plus de 4.200 soldats américains ont trouvé la mort depuis cinq ans. Pour la première fois, le président américain a admis que l’invasion du pays en 2003 était guidée par des impératifs fallacieux. “Le plus grand regret de toute la présidence est forcément le fiasco du renseignement en Irak. Beaucoup de gens ont mis leur réputation en jeu en disant que les armes de destruction massive (ADM) étaient une raison d’écarter Saddam Hussein”, a-t-il affirmé sans fard, reconnaissant ainsi que ces dernières, comme les faits l’ont démontré par la suite, n’ont jamais existé. Aurait-il, comme son père avant lui, fait la guerre à l’Irak s’il avait su que Saddam Hussein ne possédait pas un tel arsenal? Bush botte en touche: “C’est une question intéressante. Ce serait revenir sur ce qu’on a fait, et c’est une chose que je ne peux pas faire.”
Comme il ne peut revenir sur ses huit années passées à la Maison blanche, à la tête d’un pays traumatisé par les attaques du 11-Septembre et qui l’ont conduit, selon ses termes, à mener une “guerre mondiale contre le terrorisme”. Là encore, Bush verse dans le mea culpa. Et de convenir qu’il n’était pas tout simplement pas, pour les Etats-Unis, la bonne personne au bon moment. “Je pense que je n’étais pas préparé à la guerre. Je n’ai pas fait campagne en déclarant ‘s’il vous plaît, votez pour moi, je serai capable de conduire une offensive’. Je n’ai pas anticipé la guerre”, s’est mis à nu celui qui fut si mal élu en 2000 contre le démocrate Al Gore. Insuffisant toutefois pour le convaincre de rapatrier les soldats américains d’Irak, comme son successeur, Barack Obama, s’y est au contraire solennellement engagé. “J’ai écouté beaucoup de voix qui s’exprimaient sur le sujet, mais au bout du compte, la voix que j’ai écoutée a été la suivante: je ne vais pas laisser votre fils mourir en vain, je crois que nous pouvons gagner, je vais faire ce qu’il faut pour que nous gagnions en Irak”, s’est expliqué Bush. “La tête haute”, envers et contre tous.
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