Obama And The Biofuel Problem

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Chronique

Obama et l’éthanol de maïs, par Alain Faujas

LE MONDE | 13.12.08 | 12h04 • Mis à jour le 13.12.08 | 20h00

Parmi les dossiers “impossibles” qui attendent Barack Obama à la Maison Blanche figure l’éthanol. Car, le 20 janvier 2009, le nouveau président aura aussi à se pencher sur l’une de ses promesses de campagne, le soutien à cet ersatz de pétrole.

L’idée était de George W. Bush, qui y voyait une façon de réduire la dépendance de son pays à l’égard des pays pétroliers : en mélangeant de l’éthanol à base de maïs au pétrole pour obtenir un carburant dit “vert” baptisé E 10 et moins cher que le pur pétrole, il faisait de façon inattendue plaisir aux automobilistes, aux agriculteurs et aux écologistes, tout en réduisant les importations d’hydrocarbures. Une idée apparemment de génie.

Barack Obama ne pouvait faire moins que soutenir cette initiative pour séduire les électeurs des Grandes Plaines, productrices de maïs et acquises aux républicains. Sauf qu’à la suite des cours du pétrole, l’éthanol a suivi la même pente catastrophique pour tomber, à Chicago, à 1,546 dollar le gallon, vendredi 12 décembre, contre 2,9 dollars le 27 juin.

Etranglés par ce retournement, seize producteurs d’éthanol – dont le numéro deux américain, Verasun – se sont déjà mis sous la protection de la loi américaine sur les faillites, qui les dispense d’honorer leurs contrats et leurs dettes, et par exemple de payer le maïs aux agriculteurs du Midwest, déjà traumatisés par la chute des cours de cette céréale.

Le président élu devra dire s’il entend sauver les agriculteurs, en leur versant des aides, ou les industriels, en autorisant l’importation de sucre éthanol issu de la canne brésilienne, beaucoup plus compétitive.

En Europe, on n’a pas à se soucier des marchés à terme qui font le malheur de l’éthanol américain. Il n’empêche que, chez nous aussi, l’éthanol d’origine agricole a moins la cote. Le gouvernement français s’était mis en tête de faire disparaître d’ici à 2012 la subvention de 0,27 euro par litre qu’il a accordée au “bioéthanol”.

“Les professionnels tiennent leur promesse de fournir, en 2010, 7 % du contenu énergétique français, argumente Alain d’Anselem, président du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA). L’Etat devait lui aussi tenir ses engagements. Nous sommes parvenus à un compromis qui ne tue pas un outil industriel qui monte en puissance.” La subvention sera plafonnée à 0,21 euro.

L’éthanol peut tout de même se faire du souci sur les deux rives de l’Atlantique.

Alain Faujas

Article paru dans l’édition du 14.12.08

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